Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/84

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utilité limite sera supérieure à l’utilité limite des biens qu’on peut produire en sa place, quand il demandera pour être produit plus de temps que ceux-ci : en sorte que celui qui entreprendra de produire ce bien, dépensant un certain capital, vendra son produit plus cher, percevra un surplus, un intérêt.

38. Cette restriction à la loi du coût, imposée par l’expérience, les théoriciens de la productivité du capital ont négligé de l’expliquer ; et c’est pourquoi — à tort selon moi — Böhm-Bawerk nie que l’on doive voir dans cette productivité une cause de l’intérêt.

Mais il est aisé de rendre compte de cette exception apparente que nous avons rencontrée ; elle se déduit sans peine des mêmes principes d’où se déduisent la loi de la valeur-utilité et la loi de la valeur-coût. Pourquoi certains biens valent-ils exactement ce qu’ils coûtent ? que signifie cette formule ? elle signifie — on l’a vu déjà, mais il convient d’y revenir encore — que ces biens valent ce que sont utiles, dans tous leurs emplois, les biens dont ils sont faits ; et ils valent cela à cause de la possibilité qu’on a de déplacer les biens en question — je parle des biens du second rang —, de les transporter d’un emploi dans un autre ; à cause encore et tout d’abord de ce principe qui veut que chaque bien reçoive cet emploi où il est le plus utile, ou du moins le plus demandé. Seulement, qui ne voit qu’il faut parfois tenir compte ici du temps dans lequel les biens fournissent leurs utilités ? Un bien est acquis trois ans après que le bien qui sert à l’acquérir a été fabriqué ; ceci n’est pas toujours indifférent. Un même bien du deuxième rang donne instantanément un certain bien du premier rang, et après trois ans un certain autre bien ; une distribution se trouve établie de notre bien du second rang entre ces deux emplois, qui met à l’utilité limite du bien du premier rang dont l’ac-