Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/85

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quisition est instantanée, et à l’utilité limite de l’autre : on ne verra pas nécessairement cette distribution se modifier au profit de ce bien qui est long à obtenir, et si une modification de ce genre s’opère dans cette distribution, elle n’aura pas nécessairement pour effet d’égaliser à les deux utilités limites. C’est qu’il n’est pas toujours égal à celui qui veut employer notre bien du second rang de dépenser m pour recevoir tout de suite [1], ou de dépenser pour recevoir après trois ans : diverses raisons, on le sait, peuvent rendre cette dernière opération désavantageuse, dont la principale est que le seul fait de modifier la répartition des revenus au profit du futur diminue par lui-même la somme totale de notre bien-être.

Pour que ce raisonnement devienne encore plus clair, appliquons-le à un de ces exemples concrets sur lesquels Böhm-Bawerk a fait porter sa discussion[2].

Nous imaginons, avec Roscher, un peuple de pêcheurs qui ne possède aucun instrument de production ; tous les travailleurs ont la même habileté, chacun d’eux prend chaque jour 3 poissons. Un des pêcheurs, réduisant pendant 100 jours sa consommation à 2 poissons, constitue un approvisionnement de 100 poissons, qui lui permet de vivre 50 jours sans pêcher ; il emploie ces 50 jours de liberté à se construire un canot et un filet, qui dureront 100 jours, et qui pendant le temps qu’ils dureront lui permettront de prendre 30 poissons quotidiennement. Comment l’opération se balance-t-elle ? d’un côté on a une dépense de 50 journées de travail, pendant lesquelles on eût pu prendre 150 poissons ; de l’autre, un supplément

  1. En réalité il s’agira toujours, non pas de dépenser pour recevoir , mais de dépenser pour recevoir .
  2. Voir I, pp. 130 et suiv.