Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/86

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de produit de 3.000 poissons (soit ), moins 300 poissons (soit ), c’est-à-dire de 2.700 poissons ; au total, un surplus de, c’est-à-dire de 2.550 poissons.

Tel est l’exemple. Il n’est point aussi heureusement choisi que possible, parce qu’on y trouve cette complication que le filet et le canot demandent du temps pour être construits, comme ils en demandent pour donner leur produit. Mais il nous est loisible de ne pas prêter notre attention à cette particularité.Et alors on aperçoit évidemment que les 3.000 poissons pris avec le filet doivent valoir 10 fois plus que les 300 poissons qu’on peut prendre à la main pendant le temps qu’il est en usage ; de même, vouloir — comme Böhm-Bawerk suggère qu’il pourrait arriver — que le produit donné par le filet, soit les 3.000 poissons, vaille ce que coûte ce même filet, c’est-à-dire les 150 poissons qu’on prendrait à la main pendant le temps qu’il faut pour fabriquer le filet, est simplement absurde ; et il serait absurde aussi de vouloir que le filet, qu’on peut fabriquer en renonçant à une pêche de 150 poissons, valût les 3.000 poissons qu’il fait prendre ; il faut que le filet rapporte plus qu’il ne coûte, que le produit du filet vaille plus que celui-ci ; il le faut, dès lorsque, dans la peuplade considérée, on continue à pécher à la main tout en ayant la possibilité de fabriquer des filets. Finalement, la seule question qui se pose est la suivante : pourquoi continue-t’on à pécher à la main, ayant la possibilité de fabriquer des filets ? Et à cette question je répondrai : on continue à pêcher à la main, parce que pour des raisons diverses — qui ont été étudiées au chapitre précédent — la diminution de 150 unités dans la pêche qu’il faut s’imposer si l’on veut fabriquer le filet, cette diminution n’est pas compensée pour tous les pêcheurs, ou leur paraît n’être pas com-