Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/87

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pensée par le surplus de 2.700 poissons qu’on en retirera par la suite.

Remplaçons les poissons par de l’argent, et les choses iront exactement de même. Le filet demande pour être fabriqué une main-d’œuvre avec laquelle on prendrait 150 francs de poisson. À l’aide de ce filet, on accroît le produit brut de sa pêche de 18 fois cette quantité de poisson[1]. Une pêche 19 fois plus abondante, s’il y a des pécheurs qui continuent à pêcher sans filet, vaudra 19 fois plus d’argent : et ainsi la valeur du produit ne se ramènera pas au coût, autrement dit à l’utilité du bien qu’on peut obtenir en place du bien du deuxième rang qui sert à obtenir ce produit. Le filet vaudra-t-il du moins les 2.700 francs de supplément qu’il fait percevoir ? non pas, car ceux qui pêchent à la main et qui retirent 150 francs de leur pêche sont toujours prêts à confectionner un filet pour le même prix, et ils ramèneront toujours le prix du filet à 150 francs, si ce prix manifeste une tendance à la hausse. Il restera donc que ceux qui achètent des filets paient 150 francs un instrument dont ils tirent 2.700 francs. Et pourquoi tout le monde ne fait-il pas comme eux ? pourquoi certains persévèrent-ils dans leur technique rudimentaire ? parce que pour certains une diminution de 150 francs sur les ressources présentes ne serait pas compensée — à leur avis tout au moins — par une augmentation de 2.700 francs dans leurs ressources futures.

39. Je résume brièvement la longue argumentation par laquelle j’ai établi, à l’encontre de Böhm-Bawerk, qu’il fallait voir vraiment dans la producti-

  1. Je supposerai — contrairement à ce qui se passe — que l’accroissement de la production n’entraîne aucune baisse des prix.