Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/91

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posons que cette main-d’œuvre avec laquelle on fabrique le filet qui servira à prendre le poisson ne puisse pas servir directement à prendre du poisson ; cette main-d’œuvre cependant sert à d’autres usages qu’à la confection des filets.

Dans l’hypothèse nouvelle que nous envisageons, peut-il être parlé encore de productivité du capital ? Pas précisément. Dire que le capital est productif, c’est dire qu’en employant du capital on obtient, à dépense égale, une quantité plus grande de ces produits, de ces biens qu’on pourrait avoir sans employer de capital. Ici, ce n’est plus la même chose. Le capital permet d’obtenir des biens qu’on n’obtiendrait pas sans lui. On ne peut donc pas comparer la quantité de biens qu’on obtient avec le capital et la quantité qu’on obtient sans lui : une telle comparaison n’a de sens qu’entre biens de même espèce. Et pour ce qui est de comparer l’utilité des biens capitalistiques en question avec celle des biens qu’on obtient sans capital, comment songer à le faire, tant qu’on ne sait pas combien il sera créé de ces biens capitalistiques ?

Nous plaçant donc dans cette hypothèse nouvelle, il ne sera plus absurde immédiatement de penser que l’égalité puisse s’établir entre l’utilité limite des poissons pris avec les filets, et celle des biens créés par ailleurs avec la main-d’œuvre qu’on n’emploie pas à la confection des filets, entre la valeur des poissons pris avec les filets, et le coût — ou la valeur — des dits filets. Et en outre le taux de l’intérêt ne sera pas déterminé uniquement par le rapport du produit du filet à ce qu’on peut obtenir en place de celui-ci ; ce taux, et l’équilibre qu’il représente, seront la résultante d’un nombre plus grand de facteurs : les facilités plus ou moins grandes qu’ont les capitalistes à capitaliser — ces facilités qui n’intervenaient tantôt