Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/94

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des dépenses de capital moindres seront concevables, qui eussent fait avoir une quantité de produit relativement moindre. Dans ces conditions on devra dire que l’intérêt qu’on perçoit est dû à la dépense de capital que l’on a faite, et qu’on eût pu s’épargner, que du moins on eût pu faire moindre, on devra dire que cet intérêt provient de la productivité du capital. Je dépense 40.000 francs pour faire une plantation de vigne ; j’aurai par là un rendement annuel de 2.000 francs ; mais j’eusse pu dépenser moins, en ne drainant pas mon sol, en le défonçant moins profondément ; alors, considérant que, faute de dépenser du capital, ou plutôt faute d’en dépenser assez — on ne plante pas sans faire des avances — je n’aurais pas eu de produit du tout, ou du moins pas de produit net, considérant que le prix du raisin n’est tel qu’il me laisse un intérêt que parce que d’autres propriétaires de vignobles ne sont pas en état de faire sur leurs terres les mêmes dépenses que moi et qu’ils sont réduits à se contenter d’une culture moins capitalistique que la mienne, et moins avantageuse, j’expliquerai — avec raison — l’intérêt qui me revient par la productivité du capital. Je ne vois pas de cas à citer où un capital rapporterait des intérêts sans que le bien créé à l’aide de ce capital eût pu être obtenu d’une manière instantanée, ou du moins avec des avances plus petites.

La productivité du capital paraît donc bien être ce qui en fait rend compte de intérêt des capitaux engagés dans la production. Il n’en aura pas moins été utile de montrer comment les capitaux engagés dans la production pouvaient rapporter des intérêts, même sans être proprement « productifs ». Que l’intérêt puisse résulter de ce que je me suis risqué à appeler la pseudo- productivité du capital, la chose a en soi une grande