Page:Landry, L’intérêt du capital, 1904.djvu/96

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qu’il leur faudra attendre pour retirer de ces pianos toute leur utilité.

Les pianos coûtent, mettons, 700 francs. Cela veut dire que les matériaux, que la main-d’œuvre employés à la fabrication des pianos valent 700 francs, et ils valent 700 francs parce que 700 francs représentent exactement les moins utiles des biens que l’on fabrique ailleurs — dans les industries où la production est instantanée — avec les mêmes matériaux et la même main d’œuvre. Coûtant 700 francs, nos pianos, s’ils n’ont pas demandé de temps pour être fabriqués, vaudront 700 francs : ils ne peuvent pas valoir plus, quelque utilité qu’ils doivent fournir, puisque rien ne limite le nombre des pianos qu’on peut fabriquer ; si le prix des pianos s’établissait à plus de 700 francs, aussitôt la concurrence de ceux qui avec les éléments entrant dans la fabrication du piano n’obtiennent que 700 francs de produit ferait descendre le prix jusqu’à 700 francs.

Nos pianos valent donc 700 francs, et vaudront 700 francs quelque quantité qu’on en fabrique[1]. Je suppose en outre que tous les pianos sont destinés à être loués. Quel sera le prix de la location ? Si 100 pianos sont mis en location, le prix d’une année de location sera l’utilité limite de la possession d’un piano pendant un an. Le moins avantagé des locataires paiera sa location exactement l’utilité qu’il en retire, ou à peine moins ; et les autres paieront le même prix. Mais en même temps les loueurs prétendront peut-être retrouver par la location de leurs pianos, outre le coût de ceux-ci, un intérêt. Comment ces deux nécessités se trouveront-elles respectées simultanément ? par la

  1. En réalité, si la quantité variait d’une manière importante, le coût — et le prix par suite — varierait aussi.