Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/329

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question suscite (48) une polémique assez acerbe entre lui et Hobbes, qui ne voyait dans l’espace vide d’air qu’une espèce d’air plus subtil. Boyle attribue au plus petit fragment de la matière sa forme déterminée, sa grandeur et son mouvement ; quand plusieurs de ces petits fragments se réunissent, il faut encore tenir compte de leur position dans l’espace et de l’ordre dans lequel ils se combinent. Des différences de ces éléments sont ensuite déduites (49), tout à fait comme chez Démocrite et Épicure, les différentes impression des corps sur les organes sensibles de l’homme. Toutefois Boyle évite partout l’entrer plus avant dans les questions psychologiques ; il ne s’occupe, dit-il, que du monde tel qu’il a dû être le soir de l’avant-dernier jour de la création, c’est-à-dire en tant que nous pouvons strictement le considérer comme un système d’objets corporels (50). La naissance et la mort des choses ne sont pour Boyle, comme pour les atomistes de l’antiquité, que réunion ou séparation des parties, et il étudie, sous le même point de vue, — toujours sous la réserve des miracles (51), — les processus de la vie organique (52). L’assertion générale de Descartes, qu’au moment de la mort, non-seulement le corps est abandonné par la force motrice de l’âme, mais encore détruit dans ses parties internes, est confirmée par Boyle, qui apporte, à l’appui, des preuves physiologiques, et montre que de nombreux phénomènes, antérieurement attribués à l’activité de l’âme, sont d’une nature purement corporelle (53). Il combat avec la même clarté, comme un des premiers chefs de la tendance médico-mécanique, la théorie vulgaire des remèdes et poisons, laquelle considère comme une vertu et une propriété spéciale le ces derniers, l’influence qu’ils exercent sur le corps humain, par exemple, de provoquer la sueur, d’étourdir, etc., tandis que l’effet produit n’est pourtant que le résultat de la rencontre des propriétés générales de ces matières avec la conformation de l’organisme. Même au verre pilé on a attribué une centaine propriété délétère (facultas deletaria)