Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/330

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au lieu de s’en tenir simplement au fait que les parcelles de verre lèsent les intestins (54). Dans une série de petites dissertations, Boyle, dont le zèle pour ces questions méthodiques était presque aussi ardent que pour les recherches positives, tâcha de démontrer la nature mécanique de la chaleur, du magnétisme, de l’électricité, de la modification des corps composés. Ici, il est forcé de s’en tenir très-souvent, comme Épicure, bien qu’avec des notions plus claires, à la discussion de simples possibilités ; mais ces discussions suffisent partout pour lui faire toucher le but le plus rapproché : éliminer les qualités occultes et les formes substantielles, réaliser la pensée d’une causalité visible dans tout le domaine des phénomènes naturels.

Moins complexe, mais plus intense, fut l’action de Newton pour l’établissement d’une théorie mécanique de l’univers. Plus modéré dans sa théologie que Boyle et même soupçonné de socinianisme par les orthodoxes, Newton, dans on âge avancé et alors que son intelligence commençait a décliner, tomba dans ce penchant vers les spéculations mystiques sur l’apocalypse de saint Jean (55), qui contraste si étrangement avec ses hautes découvertes scientifiques. Sa vie jusqu’a l’achèvement de sa grande œuvre avait été la vie paisible et silencieuse d’un savant avec tous les loisirs nécessaires pour développeur se prodigieuse habileté mathématique et pour compléter avec calme ses travaux vastes et grandioses ; tout à coup récompensé de ses efforts par une charge brillante (56), il vécut encore de longues années sans rien ajouter d’important aux travaux qui avaient fait sa gloire. Dans son enfance, Newton paraît s’être signalé seulement par ses dispositions pour la mécanique. Silencieux et maladif, il ne se distingue pas à l’école, et il ne montra aucune aptitude pour la profession de ses parents ; mais lorsque, dans sa dix-huitième année (1660), il fut entré à Trinity collège de Cambridge, il étonna bientôt son maître par la facilité et l’originalité, avec lesquelles il s’appropria les théorèmes de géométrie. Il