Page:Lange - Histoire du matérialisme, Pommerol, 1877, tome 1.djvu/511

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50 [page 73]. Ce point a échappé à Eucken qui, au contraire[1], insiste sur le peu qui avait été fait avant Aristote. Sans doute, il aurait raison si nous n’en jugions que par ce qui nous en est resté. Voir note 11 sur l’usage que fait Aristote des œuvres de Démocrite. D’ailleurs Eucken montre (p. 7 et suiv.) qu’Aristote avait l’habitude de copier ses devanciers sans les citer, quand il ne trouvait rien à redire à leurs descriptions.

51 [page 73]. Eucken en donne des exemples p. 154 et suiv. : « L’homme seul éprouverait des battements de cœur, les hommes auraient plus de dents que les femmes ; le crâne de la femme aurait, contrairement à celui de l’homme, une suture circulaire ; l’homme aurait un espace vide dans l’occiput ; il posséderait huit côtes. » De plus, p. 164 et suiv. « que les œufs nageraient sur l’eau saturée de sel ; qu’à l’aide d’un vase de cire fermé, on pourrait puiser dans la mer de l’eau potable ; que les jaunes de plusieurs œufs mélangés se réuniraient au centre, toutes expériences prétendues exactes. »

52 [page 75]. Déjà Cuvier reconnaissait qu’Aristote décrit les animaux d’Égyple, non après les avoir vus et étudiés, ce qu’on pourrait croire d’après ses paroles, mais en se bornant à copier Hérodote. Humboldt remarque que les écrits zoologiques d’Aristote n’offrent aucune trace que sa science ait été augmentée par les victoires d’Alexandre. (Eucken, p. 16 et 160 ; voir ibidem la vue sur l’achèvement de la connaissance scientifique, p. 5 et suiv.)

53 [page 77]. Uebewegt[2] a très-bien résume le principe de la théologie d’Aristote. « Le monde a son principe en Dieu, qui est principe, non seulement comme l’ordre dans l’armée, comme forme immanente, mais encore comme substance existant en elle-même et par elle-même, comme le général dans l’armée. » La conclusion de la théologie par les mots d’Homère : « Οὐκ ἀγαθὸν πολυκοιρανίη, εἷς κοίρανος ἔστω, » (La multiplicité des chefs n’est pas un bien ; qu’un seul dirige tout), décèle la tendance morale qui fait le fond de la doctrine ; mais la preuve ontologique du Dieu transcendant se trouve dans l’assertion que tout mouvement, et par suite le passage de la possibilité à la réalité à une cause motrice, qui par elle-même est immobile. « De même que chaque objet existant suppose une cause motrice en acte, de même le monde en général suppose un moteur qui façonne la matière inerte en soi. »

54 [page 80]. Eucken, p. 161 et suiv., montre que même l’idée exacte de l’induction, chez Aristote, n’est pas facile à préciser, vu qu’il emploie souvent cette expression pour la simple analogie, qui doit cependant différer de l’induction ; il l’emploie même pour la simple explication d’idées

  1. Die Methode. etc., p. 153.
  2. Grundriss, 4e éd., I, p. 175 et suiv.