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anecdotes françaises

et se dirigea tout d’abord vers le village de Logelbach, où un heureux instinct l’avertissait qu’il trouverait peut-être les « pantalons rouges ».

Il en vit un, en effet, presque tout de suite après avoir fait quelques pas dans la rue. Mais quelle désillusion ! Était-ce là, vraiment, un spécimen de ces fringants et lestes soldats français que la fidèle Alsace avait attendus si longtemps ? Comme ils étaient changés, depuis tant d’années ! C’était toujours la même capote bleue aux pans relevés, toujours le même képi, toujours le même pantalon garance terminé par des guêtres ; seulement la capote s’arrondissait déplorablement sur un dos d’homme de peine ou de scribe tout courbé par l’effort quotidien ; le képi, planté sans grâce sur une tête tondue, ressemblait à un bonnet de nuit écarlate ; les grandes jambes de cet étrange fantassin semblaient bien incapables de pouvoir se plier jamais aux exigences d’une marche rapide et prolongée. Bref, ce paraissait être un fichu soldat. Mais il avait néanmoins un uniforme si prestigieux que M. S… s’approcha pour lui parler. Et alors quelle ne fut pas sa surprise, en reconnaissant qu’il avait devant lui, caché sous cette défroque et venu là, en amateur, avec nos troupes, Hansi, le bon et brave Hansi lui-même !

Le pioupiou « mal ficelé », c’était le dessinateur alsacien qui, si longtemps, seul contre toute l’Allemagne, avait combattu pour la France à la pointe du crayon. Il y a des anecdotes qui sont tout de même aussi émouvantes que l’épopée.


Comment on fait des prisonniers.

On a dit sous mille formes les façons élégantes qu’ont nos soldats de faire des prisonniers. En voici une qui, parmi toutes, comptera vraisemblablement comme la plus singulière. Dans un bois d’Argonne, un poilu surprend au gîte sept Bavarois qui ne l’attendaient point.