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anecdotes pathétiques et plaisantes

Mais le colonel fut inflexible. Il ne laissa pas partir son fidèle ami qu’il consola de son mieux, cependant que les cinq hommes allaient accomplir leur mission.

Elle fut rapide. En avançant sous bois assez loin, ils aperçurent sans être vus eux-mêmes les premières tentes du campement allemand, qu’ils contournèrent soigneusement et dont ils dirent l’importance à leur chef.

Le lendemain, à l’aube, l’attaque en fut ordonnée par le colonel. Au premier rang, notre Sénégalais chargeait à la baïonnette.

— Mi tout noir aujourd’hui, dit-il, mi faire peur aux Boches pourtant.

Et, malgré toutes les explications, notre vaillant nègre ne put jamais comprendre pourquoi son colonel ne l’avait pas envoyé, la nuit, dans la neige en reconnaissance.


Comment le Sénégalais Moussa « y a fait guerre tout seul ».

Le tirailleur sénégalais Moussa avait reçu l’ordre de son général de se trouver à une heure exacte à un rendez-vous indiqué.

— Moi, répondit l’Africain, y a pas moyen être en retard.

Effectivement, il se trouva au rendez-vous. Le général aussi. Celui-ci arrivait lorsque son auto stoppa. Moussa, vivement, descendit de voiture et, tout joyeux, s’écria :

— Mon général, ti vois, moi y en a fait guerre tout seul.

L’officier jeta un coup d’œil sur la limousine. Elle était bondée de capotes, de selles, de lances.

— Mais où as-tu pris tout ça ? demanda-t-il, étonné.

Alors Moussa, toujours riant, raconta que, pendant qu’il se dirigeait vers le village où on lui avait prescrit de se trouver, il avait tout à coup aperçu quatre uhlans qui lui barraient la route.