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anecdotes sur nos troupes noires

Ils étaient à 400 ou 500 mètres.

— Moi, dit-il, avais promis mon général pas être en retard ; y avait pas moyen rester derrière.

Moussa avait donc arrêté l’auto, pris son fusil et, sans se presser, tranquillement, il avait visé. En quelques secondes, les quatre uhlans et leurs montures furent à terre.

— Y a bon, s’écria Moussa.

Il remit l’auto en marche, mais en passant prés des Allemands qu’il venait de tuer, il quitta son volant pour un instant et, en bon nègre qui ne comprend pas qu’à la guerre il soit défendu de piller, prit les capotes des uhlans ainsi que leurs armes, enleva les harnachements des chevaux et empila le tout dans sa voiture.

— Toi, y a content, mon général ? questionna Moussa, radieux.

L’officier ne répondit pas, mais il serra la main du brave Sénégalais.


Un exploit de turco.

Ali ben Mohammed, des tirailleurs algériens, rend compte de sa garde à son chef :

Ma capitaine, c’est moi, Ali, ti connais bien, ji viens lire le rapport di sentinelle. Voilà : cinq klebs (chiens) di z’Allemands il a voulu voir li tranchées di tarailleurs. Comme ji veille bien, ji laisse approcher li Proussiens. Mais ti vois pas, ma capitaine, qu’i mangent di betteraves en marchant avec li ventre dans la terre. Alors ji lève mon fusil et ji parle à moi : « Ali, mon z’ami, si tu es un homme, par Allah et le saint prophète Mahomet, ti vas descendre toute site patrouille. » Et, aussitôt, ji fais : taf, taf, taf… Tous tombés. Mais comme ji pas confiance, ji été voir. Tous morts. Ci fini, ma capitaine, ti oublies pas citation pour moi, et ti sais ji crié comme ça : « Vive la France ! À bas les Boches ! »