Page:Langlois - Anecdotes pathétiques et plaisantes, 1915.djvu/93

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Dans la confusion, un officier et un sous-officier boches se trompèrent et vinrent chercher asile dans l’abri des nôtres. Quelques poignes solides les immobilisèrent aussitôt. Revenus de leur erreur, ils ne s’en montrèrent pas autrement contrariés et… demandèrent à manger. On leur donna quelques aliments qu’ils dévorèrent.

Quand il fut restauré, le sous-officier, qui parlait à peu près le français, proposa d’aller chercher des camarades. La malice parut cousue de fil blanc, on en rit, mais il insista avec toute l’éloquence dont il était capable, affirmant qu’il reviendrait. Bast, à un prisonnier près ! On le laissa aller. Il partit en rampant, regagna son terrier, disparut.

Deux heures environ s’écoulèrent, et nos soldats regrettaient presque de s’être montrés si naïfs, quand un homme se glissa hors de la tranchée d’en face, puis un second, puis un troisième, puis d’autres qui, collés au sol, à peine visibles dans l’aube naissante, s’acheminèrent vers notre propre tranchée.

Le sous-off teuton avait tenu parole. Une demi-heure plus tard, une quarantaine de Boches étaient ainsi venus se rendre dans le doux espoir de pouvoir manger à leur faim.


Les Allemands à Compiègne.


M. Gabriel Mourey, conservateur du palais de Compiègne, a publié un petit volume intitulé : La Guerre devant le palais. C’est une série de récits ayant trait à l’occupation momentanée de Compiègne par les Allemands, en septembre 1914, avant la bataille de la Marne.

Voici d’amusants détails sur le versement de l’indemnité de guerre dont, le lendemain de leur arrivée, les Boches frappèrent la ville, indemnité payable en argent, en paquets de cigares, de tabac, d’allumettes et de chocolat :


Devant une grande table recouverte d’un vieux tapis vert qui servit peut-être à quelque conseil des ministres sous le règne de Louis-Philippe ou de Napoléon III, M. l’intendant général de l’armée de S. E. le général