Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/173

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des Chouans (édition de 1807), raconte le même fait de la sommation au nom de Louis XVII comme un fait avéré.


« Le général Boucret, dit-il, fut sommé de rendre cette forteresse et de reconnaître Louis XVII ; le commodore Ellison lui assurait protection et récompense au nom de ce prince, dont il avait deux commissaires à son bord[1]… »


Il paraît que Belle-Isle n’était réellement pas en état de défense. Mais ce qui est extraordinaire, — tout est extraordinaire dans cette affaire, — c’est que le commodore anglais s’en tint aux menaces. Il y eut entre lui et le général Boucret, échange de politesses ; l’aide de camp chargé du message d’Ellison fut invité à un bal dans la citadelle, puis le général Boucret fit porter des fruits et des primeurs au commodore, qui, de son côté, lui adressa une invitation à venir visiter son bord. Il semble que, de part et d’autre, on attendit simplement le résultat de ce qui allait se passer à Quiberon. On pourra juger par le rapprochement avec d’autres faits, combien cette supposition présente de vraisemblance.

On resta ainsi en présence pendant trois semaines, en tirant quelques rares coups de canon inoffensifs, comme pour la forme. Enfin, le 18 juillet, lorsque tout fut perdu pour les royalistes du côté de la terre, la sommation fut renouvelée, cette fois peut-être au nom de Louis XVIII, car, à cette date précisément, le nom de Louis XVIII a commencé à être mis en avant

  1. Puisaye nomme ces deux commissaires ; c’étaient le comte de Pioger et le chevalier de Suasse.