Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/182

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uns peuvent être assez probablement soupçonnés[1], il ne lui a pas convenu de s’expliquer complètement, mais à la façon dont il traite cet épisode, on aperçoit clairement qu’il en avait saisi la portée ; on devine même qu’il savait.

Voici la page très remarquable qu’il consacre au récit de ce fait :


« Lorsqu’on fit à Carnac, dans ce grand lieu si solennel, la cérémonie populaire de bénir les drapeaux, quand l’évêque de Dol proclama le roi au milieu de ce peuple en larmes, d’Hervilly s’en alla dans un coin, lui et ses officiers, croquer une messe basse.

» Était-il fou ? Vauban le ferait croire. Mais Puisaye dit parfaitement ce qui lui brouillait la cervelle.

» C’est en réalité que, quand il eut débarqué le grand matériel, il lui revînt de tous côtés, que cette expédition royaliste se faisait malgré le roi, contre le roi peut-être.

» Il lui revenait de Vannes que l’agence de Paris avait envoyé Talhouët de Bonamour, pour dire au nom du roi « qu’on ne fît rien ». Et elle avait semé de faux billets, signés Puisaye, qui conseillaient partout de ne rien faire…

» Enfin directement, le nouveau roi et ses gens,

  1. On sait que, sous la Restauration, Michelet avait été admis dans l’intimité des Tuileries, comme professeur d’histoire de Mademoiselle, sœur aînée du comte de Chambord. Là, il a dû apprendre plus d’un secret ; mais sans doute il garda toujours des scrupules pareils à ceux qu’exprima plus tard Mme de Gontaut, gouvernante de la même Mademoiselle : « J’ai trop vécue, — écrit-elle, — dans l’intimité de la famille royale, pour me croire un droit de dire certaines choses. »