Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/184

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à lui conférés par Monsieur, Régent de France[1], au quartier général de Carnac, le trente juin mil sept cent quatre-vingt-quinze.

» Français ! Au nom de Dieu, de votre Roi et de vos princes légitimes, nous venons vers vous avec des paroles de paix ; que la voix de la haine, de la vengeance et de la défiance ne se fasse plus entendre ; que toute dénomination odieuse de partis, que le cri de ralliement des fléaux de notre malheureuse patrie soit anéanti pour jamais. Comme nous vous parlerons sans déguisement, écoutez-nous sans préjugés et que l’Europe nous entende et nous juge.

» S’il est vrai que d’un bout du royaume à l’autre, un cri général se soit fait entendre contre cette faction parricide qui, depuis cinq ans, a causé tous vos malheurs ; s’il est vrai qu’enfin l’esprit de modération et de justice guide ceux qui prétendent vous représenter ; et si cette modération n’est pas uniquement un voile spécieux dont ils se servent pour couvrir leurs secrets desseins d’abattre des rivaux pour régner à leur place et de vous replonger dans les convulsions de l’anarchie ; pourquoi ceux de vos concitoyens qui ont été forcés de fuir cette tyrannie que vos prétendus représentants affectent de désapprouver, n’ont-ils pas été rappelés dans le sein de

  1. Monsieur, Régent de France, de qui Puisaye tenait ses pouvoirs antérieurement au 8 juin, était le comte de Provence, qui venait de se déclarer roi sous le nom de Louis XVIII. Il est évident que Puisaye n’aurait pas commis l’incorrection énorme de le qualifier encore Régent, dans un acte public, s’il n’eût été convaincu de l’existence du vrai roi Louis XVII. — Cette observation — croyons-nous — n’a encore été faite par personne. Le fait est pourtant d’une importance capitale.