Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/243

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que d’ordonner l’assaut et de faire sonner la charge[1]. Le duc de Lévis est blessé au moment où il pousse en avant sa colonne de Chouans, où cet accident met quelque désordre. La gauche, beaucoup moins avancée, ne pouvait suivre le mouvement : un officier, M. de Frogé, accourt pour en faire la remarque à d’Hervilly qui répond par sa formule habituelle : « En avant, en avant ; vous arriverez trop tard, et je vous rends responsable des inconvénients de votre lenteur. » Il apostrophe avec violence M. de Rotalier et l’oblige à quitter une position d’où son artillerie avait déjà démonté quelques pièces à l’ennemi, pour s’avancer dans le sable, où les chevaux s’enfoncent jusqu’aux jarrets et les canons jusqu’aux moyeux.

La mitraille balayait des rangs entiers. D’Hervilly voit enfin que tout est perdu ; il se porte vers son régiment et y fait sonner la retraite pendant qu’on bat toujours la charge dans les régiments de droite, où l’ordre n’est pas parvenu. À ce moment, lui-même tombe, mortellement blessé, ce qui ne contribue pas peu à accroître la confusion.

Le général Lemoine lance alors sa cavalerie, qui charge avec furie, mais que son ardeur emporte et qui vient se faire détruire presque entièrement dans les rangs des vaincus. Les tirailleurs républicains, puis les bataillons qui sortent des lignes, se précipi-

  1. On a prétendu qu’à ce moment, un mouvement remarqué par Puisaye sur la gauche des républicains et une fusillade entendue sur leurs derrières par d’Hervilly, avaient donné la persuasion que Tinténiac et Vauban commençaient leurs attaques, chacun de leur côté. Il faut avouer qu’un plan de bataille et un ordre d’assaut ne seraient pas justifiés par des conjectures aussi hasardées et aussi incertaines.