Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/269

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un peu mais sans danger. La mer était basse. Elle commençait à monter quand nous arrivâmes sous le fort. Elle laissait peu d’espace libre au pied du rocher. Je crois bien que les derniers rangs de la colonne pouvaient avoir les pieds mouillés par le flot ; mais il est faux qu’ils eussent de l’eau jusqu’à la ceinture, comme je l’ai lu dans plus d’un livre ; tout au plus si quelques-uns en avaient par hasard à mi-jambes. Nous avions marché du nord au sud à peu près. Nous fîmes halte et front vis-à-vis le fort. On commanda l’assaut. Chacun de nous se disposa à obéir de son mieux. Moitié à tâtons, moitié à la lueur des éclairs, on découvrait quelques aspérités des rochers, dont on s’aidait pour s’élever de quelques pieds au-dessus du sol. On se poussait, on se soutenait les uns les autres. Les soldats qui n’étaient pas dans le secret de la réception qui nous attendait, étaient surpris de ne pas entendre le terrible qui-vive des sentinelles. Ils le furent bien davantage d’entendre ces sentinelles leur dire : Camarades, donnez-nous la main ; ce qui fut fait, et nous montâmes en quelques minutes. Ainsi se termina cet assaut, qui, d’abord nous avait semblé très difficile et périlleux par l’idée de rencontrer une résistance opiniâtre dans la défense qu’aurait dû faire la garnison. Dans ce moment critique, il ne fut pas même tiré un coup de fusil. Quelques hommes, une douzaine peut-être, tombèrent sur les rochers et se blessèrent. Je ne crois pas qu’il y en ait eu plus de deux de tués. Quant aux royalistes, sur le point où j’étais, ils ne firent pas la moindre résistance. On m’a dit depuis qu’un officier avait voulu en faire et qu’il fut tué. Les autres, surpris dans leur corps de garde, furent