Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/271

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reconnaître), il s’était rendu chez Puisaye pour lui signaler « les inconvénients de se garder aussi mal, surtout par une nuit si favorable pour une surprise », celui-ci lui avait répondu en riant, « qu’il n’était ni alarmé, ni alarmiste ». Une si placide quiétude en présence d’avis positifs, est tellement extraordinaire, qu’elle serait insuffisamment expliquée, — il faut l’avouer, — par ce qu’on sait de ses préoccupations ; elle donnerait vraiment à penser qu’il se croyait en droit de compter qu’il ne serait pas attaqué.

Malgré les preuves réitérées qu’on avait eues du mauvais esprit qui se propageait dans le régiment d’Hervilly, on lui avait laissé principalement la garde du fort. Cette nuit-là, la garnison se composait de cinq compagnies de ce régiment avec un détachement du régiment de Périgord, qui, n’étant pas de garde, comme l’avaient calculé les traîtres, fut surpris et massacré presque entièrement sans avoir pu se mettre en défense. Un seul officier, M. de Folmont, fut tué, l’épée à la main, sur l’esplanade.

Ménage, maître de la place et renforcé des cinq compagnies de transfuges, fait ouvrir la barrière et abattre le pont-levis qui séparait le fort du camp retranché, dans lequel il se jette rapidement, rejoint par de nouveaux transfuges. Les canonniers toulonnais pris à revers, sont massacrés sur leurs pièces, encore braquées dans la direction de la falaise, vers le nord. Les troupes du camp retranché, mises en désordre par cette irruption inattendue, se défendent pendant quelque temps avec courage, mais sont bientôt obligées de se retirer vers Kerhostin.

Valletaux, qui marchait sur les pas de son avant-