Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/276

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mêmes constaté et ont « supposé au général Hoche l’intention, bien conforme à son caractère généreux et compatissant, de donner aux royalistes le temps de se rembarquer ». Libre à chacun d’apprécier si des motifs de générosité naturelle suffisent à expliquer cette intention, qui, dans les circonstances, n’était peut-être pas évidemment conforme aux intérêts de la République.

Dès l’avis reçu du fort occupé et des retranchements forcés, Puisaye avait jugé la situation désespérée et avait envoyé à l’amiral Warren le pilote Rohu, officier chouan, pour lui faire part du péril et lui demander des secours ; peu après, il avait fait partir derrière lui son aide de camp, le marquis de La Jaille, porteur d’un second message plus pressant.

Lui-même s’était rendu au galop à Saint-Julien, y avait établi Sombreuil dans une position assez forte auprès du moulin, en lui prescrivant d’y tenir le plus longtemps possible ; puis, décidé à se rendre à bord de l’amiral anglais, il avait remis le commandement à Sombreuil. Avant de le quitter, exactement informé ou justement conscient de la nécessité qui allait s’imposer au général ennemi et aux représentants, de faire montre de sévérité rigoureuse, il avait laissé cette dernière recommandation : « Par-dessus tout, gardez-vous de croire qu’on puisse traiter avec l’ennemi. Quelque capitulation que vous offrissent ces gens-là, vous et vos officiers n’en seriez pas moins massacrés. »

Puis il avait gagné le Port-Haliguen, où un canot était toujours tenu à sa disposition et s’était fait transporter à bord de La Pomone, auprès de l’amiral Warren.