Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/277

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Ce départ a donné lieu à des reproches, à des accusations d’une violence extrême de la part de Sombreuil et des compagnons de son malheur. Ils l’ont taxé de lâche abandon, presque de trahison. La plupart des écrivains royalistes, sous l’impression de l’anathème prononcé devant la mort par les victimes de la catastrophe ; quelques-uns par la complaisance à servir les rancunes et les calculs des princes, ont reproduit et commenté ces récriminations, et par ce concert presque unanime, leur ont donné force de créance. Quelques autres, et notamment plusieurs historiens du parti adverse, se sont montrés moins sévères[1], sans aller jusqu’à la justification complète, peut-être faute d’avoir saisi tous les éléments d’appréciation. Pour se former une opinion équitable sur ce point, il faut, en tenant compte de ce qu’on sait de la situation politique de Puisaye vis-à-vis du parti royaliste et d’une fraction du parti républicain, fixer son attention sur la situation militaire dans la presqu’île, au moment où il s’embarquait, et la diriger ensuite sur les faits immédiatement subséquents.

Les motifs de sa résolution paraîtront sans doute alors très justement résumés dans ces quelques lignes de Vauban :


« M. le comte de Puisaye, ne voyant que des troupes dispersées, surprises, qui ne croyaient pas à son autorité dans le moment où il en fallait une active et absolue, crut que s’il ne pouvait pas sauver la presqu’île, il devait au moins sauver sa correspondance avec l’An-

  1. Notamment parmi les contemporains, Rouget de Lisle, et parmi les écrivains modernes, Michelet.