Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/318

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

trouvons qu’une expédition[1] des jugements. La lacune est d’autant plus fâcheuse qu’elle a été maladroitement comblée depuis par des récits composés après coup, dont l’invraisemblance ou l’exagération prêtent le flanc à la critique. Des paroles ont été mises dans la bouche des principaux accusés, pour attester qu’il y avait eu capitulation. Tenons-nous en aux documents[2]. »


Ce qui prête plutôt à la critique, c’est cette proposition singulière qui, réduite à sa plus simple expression, revient à dire : Il subsiste des témoignages nombreux et précis ; les documents (peut-être contradictoires) qui devraient exister, font défaut ; écartons les témoignages ; tenons-nous en aux documents… absents. Il serait certainement plus rationnel et plus conforme aux principes qui font loi en matière d’instructions quelconques, de considérer que la disparition, plus étrange encore que fâcheuse, des divers documents relatifs au fait en question, donne une valeur presque invincible aux témoignages qui s’y rapportent.

Il convient de reconnaître, du reste, qu’on n’a pas généralement osé entreprendre de nier « les paroles mises dans la bouche des principaux accusés », c’est-à-dire la suprême déclaration de Sombreuil, ni d’en suspecter formellement la sincérité[3]. Les écri-

  1. Ainsi la minute des jugements n’existe pas non plus. Il paraît que ce dossier avait terriblement besoin d’être expurgé.
  2. Quiberon, p. 170.
  3. Dans le Journal intime d’un citoyen de Vannes, administrateur du département, cité par M. de Closmadeuc, on lit : « Sombreuil s’appuyait sur la parole de Hoche. »
    Dans le même sens, M. de Closmadeuc cite encore un extrait du Journal de M. de Chalus. Enfin une lettre de Sombreuil à sa sœur, en date du 23 juillet (donnée par Nettement), contient ces mots : « Je me suis dévoué pour eux et j’espère les sauver. On me l’a promis, serait-ce me flatter en vain que d’y croire ? Puissent ceux qui ont fui être aussi contents d’eux. Adieu ! »