Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/333

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nés ; mais la plupart étaient si bien disposés qu’autant qu’ils le pouvaient, ils prévenaient secrètement les émigrés des dispositions favorables de la loi. M. de La Villegourio fut sauvé par un de ses juges nommé Mariancourt qui le prévint en secret et en lui recommandant la discrétion. Tous ceux qui se déclaraient émigrés avant seize ans, obtenaient de suite le sursis[1], quoique chez plusieurs d’entre eux, des rides ou la couleur des cheveux dénonçassent assez évidemment leur âge. Plusieurs se dirent Suisses, Allemands ou Italiens, sans que les présidents leur demandassent seulement s’ils comprenaient leur prétendue langue maternelle.

» Environ cent cinquante sursis furent ainsi accordés pour divers motifs, dans les quatre Commissions[2]. »


Il se trouva même des officiers qui refusèrent formellement de faire partie des Commissions militaires. Parmi ceux-ci on a cité un chef de bataillon, nommé Douillard qui, désigné le 1er août (14 thermidor), par le général Lemoine, pour présider une Commission à Vannes, signifia son refus de siéger par la lettre suivante :

  1. Un arrêté de Blad, du 11 thermidor, avait ordonné « de ne pas mettre en jugement les jeunes gens qui auraient émigré ou auraient pris parti avec les ennemis de la République avant l’âge de seize ans révolus ». Seulement il arriva que plusieurs non instruits de cette disposition, furent jugés et exécutés sans sursis. Léger inconvénient peut-être de l’absence de défenseurs. Mais, comme l’arrêté de Blad ne fut pas ratifié par la Convention, on peut dire qu’ils n’y perdirent rien ; ce qui est bien assurément pour fermer la bouche aux plus acharnés détracteurs des procédés judiciaires de la République.
  2. Chasle de La Touche, p. 127.