Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

bien expliquer d’une façon quelconque, quel intérêt aurait porté ce gouvernement à sacrifier des sommes énormes pour une entreprise qu’il aurait voulu faire échouer, on a trouvé qu’à Quiberon, il avait obtenu ce résultat de faire périr l’élite de la marine française, enrôlée dans les régiments émigrés. Il resterait à indiquer au moins une explication équivalente pour justifier l’accusation de sa conduite dans la campagne du comte d’Artois.

La vérité est que le débarquement eût été facile si on eut voulu le faire. Crétineau-Joly est obligé d’en convenir. « Avec l’appui des provinces de l’Ouest, le comte d’Artois pouvait parfaitement opérer une descente sur le point de la côte qu’il lui aurait plu d’indiquer ; mais il était nécessaire de se hâter[1]. »

Mais justement le comte d’Artois avait cru nécessaire de ne point se hâter.

Après avoir perdu intentionnellement deux mois en Angleterre, il avait encore perdu intentionnellement douze jours dans la baie de Quiberon.

Il en était résulté — ce qu’on voulait sans doute — que l’effet des dispositions prises par Charette était manqué. C’est alors seulement que le comte d’Artois lui écrit : « À bord du Jason, rade d’Houat, 13 septembre 1795… Vous avez indiqué Noirmoutier ; c’est à Noirmoutier que nous marchons… »

La réponse de Charette indique très clairement comme quoi les mouvements qu’on lui demandait

    de concourir avec nous au rétablissement de notre légitime souverain sur le trône de ses ancêtres. »

  1. La Vendée militaire, par Crétineau-Joly et R. P. Drochon, t. 2, p. 435.