Page:Lanne - Le Mystère de Quiberon, 1904.djvu/37

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« C’en est fait, mon frère, le coup est porté. Je tiens dans mes mains la nouvelle officielle de la mort du malheureux Louis XVI, et je n’ai que le temps de vous en instruire. L’on m’apprend aussi que son fils s’en va mourir. En donnant des larmes à nos proches, vous n’oublierez pas de quelle utilité pour l’État va devenir leur mort. Que cette idée vous console et pensez que le Grand-Prieur, votre fils (le duc d’Angoulême) est, après moi, l’espoir et l’héritier de la monarchie.


» Louis-Stanislas Xavier. »

Comme à l’époque où cette lettre fut écrite, la santé du jeune roi était excellente, ainsi qu’il résulte de tous les témoignages, notamment de l’acte officiel de décharge délivré par la Commune de Paris, ce ne pouvait être la constatation d’une probabilité naturelle, c’était évidemment l’annonce formelle d’une probabilité politique, d’un accident prévu en vue du bien de l’État.

On ne saurait supposer que cette sereine et abominable façon de comprendre la raison d’État fut connue et approuvée de la plus grande partie des émigrés ; il paraît cependant que bon nombre d’entre eux ne s’en éloignaient pas sensiblement. Nous en trouvons des témoignages frappants dans les journaux du temps.

On lit dans le Moniteur du 6 avril 1798 :


« Les émigrés — s’entend les grands seigneurs et les évêques, — disaient hautement, en 1791 et 1792 que le Roi était jacobin constitutionnel ; qu’il n’était point propre à la couronne ; qu’il fallait un Régent,