Page:Lao-Tseu - Le livre de la voie et de la vertu - traduction Stanislas Julien, 1842.djvu/37

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des choses rares et extraordinaires, qui ont voulu exalter Lao-tseu aux dépens de la vérité. Au fond, Lao-tseu était un sage qui possédait le Tao à un plus haut degré que les autres hommes ; mais il n’était point d’une espèce différente. On lit dans le Sse-ki (les Mémoires historiques de Sse-ma-thsien) : « Le fils de Lao-tseu s’appelait Tsong ; il eut le grade de général dans le royaume de Weï, et, comme il s’était distingué par ses exploits, il obtint un fief dans le pays de Touan. Le fils de Tsong s’appelait Wang ; le fils de Wang se nommait Yen ; le fils de son arrière-petit-fils s’appelait Touan ; il obtint une charge sous la dynastie des Han. Kiaï, fils de Hia, fut ministre du roi de Kiao-si, et s’établit, avec sa famille, dans le royaume de Thsi. »

Des Tao-sse d’un esprit rétréci veulent faire passer Lao-tseu pour un être divin et extraordinaire, et engager les générations futures à le suivre ; mais, par cela même, ils les empêchent de croire qu’on puisse acquérir par l’étude le secret de l’immortalité. En effet, si Lao-tseu est simplement un sage qui avait acquis le Tao, les hommes doivent faire tous leurs efforts pour imiter son exemple ; mais, si l’on dit que c’est un être extraordinaire et doué d’une essence divine, il sera impossible de l’imiter. Quelques auteurs disent que, du temps de l’empereur Tching-wang (1115 à 1079 avant J. C.), il fut gardien des archives. Alors il voyagea, aux extrémités de l’Occident, dans les royaumes de Ta-thsin[1], de Tchou-kien[2], etc. Il reçut le titre de Kou-sien-sing, « l’ancien docteur. » Il convertit ces royaumes. Sous le règne de Khang-wang, il s’éloigna de ces contrées et revint dans le pays de Tcheou. Il reprit la charge de gardien des archives. Du temps de Tchao-wang, il quitta ses fonctions, retourna à Po, son pays natal, et y vécut dans la retraite. Lao-tseu voulut de nouveau convertir les peuples du Si-yu (des contrées situées à l’occident de la Chine).

  1. En cet endroit, on a traduit le mot de Ta-thsin par « l’empire romain » qui n’existait pas encore à cette époque reculée. Pour faire disparaître cet anachronisme, M. Rémusat a écrit (Mémoire sur Lao-tseu, pag. 13, lig. 12) : « Les pays où s’étendit depuis l’empire romain. »
  2. Suivant une compilation mêlée de fables, que j’ai sous les yeux, « Tchoukien était un royaume situé à l'O.u mont Kouen-lun. »