Page:Las Cases - Mémorial de Sainte-Hélène, 1842, Tome I.djvu/231

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hôte, de lui porter une boîte avec son chiffre, et de lui dire qu’il était fâché de tout l’embarras qu’il devait lui avoir causé.


Contrariétés.


Jeudi 7.

Le grand maréchal et M. Gourgaud nous ont rejoints ; ils arrivaient de Longwood. L’amiral, depuis quelques jours, était fort pressé de nous y envoyer ; l’Empereur n’était pas moins désireux de s’y rendre ; il était si mal à Briars ! Toutefois il fallait que l’odeur de la peinture le lui permît ; il était impossible à son organisation particulière de la supporter ; jamais, dans les palais impériaux, il n’était arrivé de l’y exposer. Souvent, dans ses voyages, on avait été obligé de changer à la hâte les logements qu’on lui avait préparés. À bord du Northumberland il avait été malade de la seule peinture du vaisseau. Ici on lui avait dit la veille que tout était prêt, qu’il n’y avait plus d’odeur. Il avait dès lors résolu de partir pour Longwood le surlendemain samedi, afin de jouir de l’absence des ouvriers le dimanche ; mais le grand maréchal et M. Gourgaud lui ont déclaré en cet instant qu’ils venaient de vérifier la place, qu’elle ne serait pas tenable ; ils se sont étendus longuement sur cet objet. L’Empereur a pris beaucoup d’humeur du premier rapport qu’on lui avait fait, et de la résolution qu’il lui avait fait prendre. Ces deux messieurs s’en sont retournés ; nous avons gagné l’allée inférieure, l’Empereur toujours assez mal disposé. M. de Montholon est arrivé de Longwood fort mal à propos ; il a répété que tout était préparé, que l’Empereur pouvait y aller quand il voudrait ; la contrariété et l’humeur ont éclaté à ces deux rapports aussi voisins et aussi contradictoires. Heureusement l’instant du dîner est venu faire diversion.


Lieutenant anglais – Singularité – Départ pour Longwood arrêté – Politique – État de la France – Mémoire justificatif de Ney.


Vendredi 8, samedi 9.

Le doute élevé hier sur l’odeur de la peinture à Longwood m’ayant donné l’idée d’aller le vérifier moi-même, et désirant pouvoir en rendre compte à l’Empereur à son déjeuner, je suis parti de très grand matin, faisant les trois quarts de la route à pied, parce que personne n’était encore levé aux écuries ; j’étais de retour avant neuf heures. Il était très--