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Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/162

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est entourée d’une galerie ouverte, et qu’il fallait avant tout isoler et fermer la place, sous peine de produire une œuvre tout-à-fait choquante.

Quant aux huit statues placées sur les pavillons de Gabriel, deux d’entr’elles méritent d’être distinguées ; nous voulons parler des statues de Strasbourg et Lille, dues au ciseau exercé de M. Pradier. — Pourquoi l’artiste chargé de la décoration a-t-il dédaigné d’interroger l’histoire de la place ? Pourquoi ne s’est-il pas inspiré de la beauté mâle et sévère de son entourage ; il eut senti alors combien toute cette richesse de parvenu, toutes ces lanternes de bronze et d’or devaient blesser le goût et le véritable sentiment de l’art ?

Quant à nous, nos yeux bientôt fatigués sentent le besoin de quitter toutes ces petitesses de l’œuvre moderne pour se reposer en contemplant les grandeurs du passé. Alors nos âmes s’élèvent émues par la pompe du spectacle. Au midi la chambre des députés, au nord deux palais jumeaux, puis la Madeleine, avec sa voie romaine ; à l’est, les arbres centenaires du jardin tracé par Lenôtre, puis au fond le palais des Tuileries sur lequel le temps a répandu cette teinte sombre et sévère qui fait de la vieillesse des monuments l’âge de leur beauté ; enfin, à l’ouest, cette magnifique avenue si heureusement complétée par l’arc-de-triomphe. En contemplant tant de merveilles, on sent qu’une nation qui élève de tels édifices a reçu de Dieu la puissance du glaive ainsi que le sceptre des arts.

Concorde (pont de la).

Situé entre les quais des Tuileries et d’Orsay.

La ville de Paris, dès l’année 1722, avait été autorisée par lettres-patentes à contracter un emprunt pour l’établissement d’un pont en cet endroit. Ce projet n’eut pas de suite. — Un édit du mois de septembre 1786, rappelant plusieurs dispositions des anciennes lettres-patentes, ordonna un second emprunt de trente millions dont une partie devait servir aux embellissements de Paris. Douze cent mille francs furent affectés à la construction de ce pont. M. Perronnet, ingénieur, fournit les dessins. On commença le 10 juin 1787 à battre les pieux des pilotis ; les travaux furent achevés à la fin de l’année 1790. Alors on lui donna le nom de pont Louis XVI. En 1792, il prit la dénomination de pont de la Révolution. Une loi du 26 octobre 1795 ayant ordonné que la place de la Révolution porterait désormais le nom de place de la Concorde, la même dénomination fut donnée au pont. — « Au palais des Tuileries, le 1er Janvier 1810. Napoléon, etc., nous avons décrété et décrétons ce qui suit : Les statues des généraux Saint-Hilaire, Espagne, Lasalle, Lapisse, Cervoni, Colbert, Lacour, Hervo, morts au champ d’honneur, seront placées sur le pont de la Concorde, conformément au projet qui nous a été présenté par notre ministre de l’intérieur. Signé Napoléon. » — Dans les premiers jours d’avril 1814, le pont de la Concorde reprit son ancien nom de pont Louis XVI. En vertu des ordonnances royales des 19 janvier et 14 février 1816, il fut arrêté qu’on y élèverait douze statues en l’honneur des hommes les plus illustres de la France. Ces ordonnances ne reçurent leur exécution qu’en 1828. Les statues qui représentaient Sully, l’abbé Suger, Duguesclin, Colbert, Turenne, Duguay-Trouin, Suffren, Bayard, Condé, Duquesne, Tourville et Richelieu, sont dues aux ciseaux de MM. Espercieux, Stouf, Briant fils, Milhomme, Gois, Dupasquier, Lesueur, Montoni, David, Roquier, Marin et Ramey. Ces statues dont les dimensions colossales écrasaient le pont, furent, en 1837, descendues de leurs piédestaux, puis transposées à Versailles dans la cour d’honneur du palais.

On employa pour la construction de ce pont une partie des matériaux provenant de la démolition de la Bastille. Il est fondé sur pilotis et grillage, il a cinq arches surbaissées qui offrent une portion de cercle. L’arche du milieu a 31 m. d’ouverture, les arches latérales ont 27 m. et les deux autres attenantes aux culées ont chacune 26 m. La longueur totale entre les culées est de 150 m. Chaque pile a 3 m. d’épaisseur ; leurs avant-becs et arrière-becs présentent des colonnes engagées qui contiennent une corniche couronnée par une balustrade qui sert de parapet aux trottoirs. — Depuis 1830, il a repris sa dénomination de pont de la Concorde.

Condamnés (dépôt des).

Situé dans la rue de la Roquette. — 8e arrondissement, quartier Popincourt.

Cette prison, construite sous la direction de M. Gau, architecte, a coûté plus d’un million. Elle remplace le dépôt de Bicêtre, dont les bâtiments ont été rendus à l’hospice de la Vieillesse (hommes) et des aliénés. On y renferme provisoirement les condamnés jusqu’à ce qu’ils soient envoyés aux bagnes ou dans les maisons centrales de réclusion. Cette prison est composée d’un bâtiment carré à quatre étages. Au centre est un vaste préau. Les malades sont traités dans une infirmerie placée à la suite du bâtiment principal et séparée de ce bâtiment par la chapelle.

Condé (rue de).

Commence au carrefour de l’Odéon et à la rue des Quatre-vents, no 1 ; finit à la rue de Vaugirard, nos 22 et 22 bis. Le dernier impair est 19 ; le dernier pair, 34. Sa longueur est de 267 m. — 11e arrondissement. Les impairs sont du quartier de l’École-de-Médecine ; les pairs du quartier du Luxembourg.

Formée vers l’année 1500, sur le Clos-Bruneau, elle en reçut la dénomination. En 1510, on l’appelait rue Neuve-de-la-Foire. Quelques années après, elle prit le nom de rue Neuve-Saint-Lambert. En 1612, Henri de Bourbon, prince de Condé, ayant acheté l’hôtel bâti originairement pour Antoine de Corbie et occupé ensuite par le duc de Retz, maréchal de France, la rue qui nous