Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/229

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le commissaire du directoire exécutif. — Arrête que la rue nouvellement ouverte en prolongement du ci-devant cul-de-sac Notre-Dame-des-Champs, prendra le nom de rue de Fleurus. » Cette dénomination rappelle la célèbre bataille gagnée par le général Jourdan le 26 juin 1794. — Une décision ministérielle du 13 brumaire an X, signée Chaptal, et une ordonnance royale du 21 juillet 1843, ont fixé à 13 m. la largeur de la rue de Fleurus, pour la partie comprise entre le Luxembourg et la rue de l’Ouest, et à 10 m. pour le surplus. Les constructions de 1 à 11 inclusivement, 2, 4, 6, 8, 10, 12, 14, et second no  12, sont alignées. La propriété no  12 bis n’est soumise qu’à un léger redressement ; les autres immeubles devront subir un retranchement de 2 m. 10 c. environ. — Conduite d’eau.


Flore (passage de).

Commence à la rue de la Pelleterie, nos 19 ; finit à la rue de la Vieille-Draperie, no  30. — 9e arrondissement, quartier de la Cité.

La propriété que traverse ce passage, a été bâtie sur une partie de l’emplacement de l’église royale et paroissiale de Saint-Barthélemy. Une chapelle était déjà bâtie en cet endroit à la fin du Ve siècle, et portait le nom de Saint-Barthélemy. Vers 965 Hugues-Capet fit agrandir cette chapelle, qui devint en 1138 paroisse royale. Les bâtiments de cette église furent restaurés en 1730 et 1736 ; malgré ces réparations, le roi en 1772 ordonna qu’elle serait entièrement reconstruite. Le portail était déjà terminé, lorsque la révolution vint en arrêter les travaux. Devenue propriété nationale, elle fut vendue le 12 novembre 1791. Sur son emplacement on établit peu de temps après le théâtre de la Cité, et l’on forma deux passages dont l’un prit la dénomination de passage de Flore. Au théâtre de la Cité succéda la salle dite des Veillées, puis des Francs-Maçons s’y réunirent. Maintenant elle est occupée par un bal public connu sous le nom du Prado.


Florentin (rue de Saint-).

Commence à la place de la Concorde, no  2, et à la rue de Rivoli, no  58 ; finit à la rue Saint-Honoré, nos 377 et 379. Le dernier impair est 17 ; le dernier pair, 16. Sa longueur est de 165 m. — 1er arrondissement, quartier des Tuileries.

À l’endroit où s’élèvent aujourd’hui les magnifiques hôtels de la rue Saint-Florentin, on voyait en 1640 une misérable impasse dont les chétives maisons servaient d’abris aux orangers du jardin des Tuileries.

Une partie de cette impasse, nommée cul-de-sac de l’Orangerie, appartenait en 1730 au roi Louis XV, l’autre portion était la propriété de Samuel Bernard, de ce riche banquier qui avait vu tous les grands de la cour défiler dans ses antichambres, et ramasser les pièces d’or qui tombaient de sa corne d’abondance. Un beau matin Samuel Bernard se réveilla chevalier de l’ordre de Saint-Michel, comte de Coubert, seigneur de Vitry, Cuignes et autres lieux, conseiller, secrétaire du roi et de ses finances.

Le gentilhomme de fraîche date mourait à Paris le 18 janvier 1739 à l’âge de 88 ans, et laissait une fortune qui dépassait quarante millions.

Le lendemain, le premier ministre du roi, le cardinal de Fleury écrivait la lettre suivante aux deux fils de Samuel Bernard.

« Quoique l’on dût s’attendre, Messieurs, à la perte que vous venez de faire, je ne laisse pas d’en être fort touché, et de partager bien sincèrement votre douleur. Vous connaissez l’estime particulière que je faisais de M. Bernard, votre père, et la justice que je lui ai toujours rendue auprès du roi sur son attachement pour l’État. Je ne puis que vous exhorter à honorer sa mémoire par les mêmes sentiments. Vous ne pouvez en donner une meilleure marque qu’en suivant son exemple, et en conservant entre vous la plus parfaite union. Je serai fort aise d’avoir des occasions de vous témoigner l’intérêt que je prends à tout ce qui regarde sa famille, et à vous donner des preuves, Messieurs, de la considération particulière que je conserve pour tous ceux qui la composent. »

Voyez la considération que donne la fortune, puisqu’un premier ministre a fait une pareille lettre.

Nous rencontrerons bientôt, en traversant ce terrain, des illustrations d’un autre genre, et peut-être regretterons-nous le financier Samuel Bernard ; mais avant il nous faut enregistrer la transformation que subit l’impasse de l’Orangerie.

Par lettres-patentes du 21 juin 1757, le roi fit don aux prévôt des marchands et échevins de la partie de l’impasse de l’Orangerie qui lui appartenait ; afin d’y établir les bâtiments en arrière-corps sur la place Louis XV, dont la formation était prescrite par les mêmes lettres-patentes. D’après le plan approuvé, le cul-de-sac de l’Orangerie devait être converti en une rue, et prendre le nom de Bourgogne. Il fut également ordonné que les constructions auraient des façades symétriques dans toute la longueur de la rue. Cette dernière disposition fut annulée par de nouvelles lettres-patentes du 30 octobre 1758, et cette voie publique reçut en vertu d’un arrêt du conseil d’État du roi, en date du 11 mars 1768, le nom de rue de Saint-Florentin.

Elle devait ce nouveau baptême à son excellence le ministre Phélypeaux, duc de Lavrillière et comte de Saint-Florentin, qui avait fait construire un magnifique hôtel dans cette rue. Un plaisant interprète des sentiments dû peuple composa, du vivant du noble duc, cette épitaphe :

Ci-git un petit homme, à l’air assez commun,
Ayant porté trois noms et n’en laissant aucun.

Cette habitation a changé de maître. Elle abrite un grand d’Espagne de première classe, le duc de