Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/258

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13 m. de profondeur dans œuvre, plus une cour de 64 m. 90 c. sur 47 m. 90 c.

Au centre est une fontaine qui décorait autrefois la place Saint-Sulpice. Ce marché est percé de 112 arcades et contient 368 places de marchands. Les deux édifices sont couronnés par une belle charpente dont le système réunit la force à la légèreté. Le marché Saint-Germain occupe, y compris les dépendances, une superficie de 8,816 m. Cette construction fait honneur à M. Blondel, architecte. M. Bruyère, directeur-général des travaux de Paris, dont nous aurons souvent l’occasion de rappeler le mérite, a prêté encore en cette circonstance l’appui de son expérience et de ses talents distingués. — Le marché Saint-Germain a rapporté à la ville en 1840 une somme de 78,325 fr.


Germain-des-Prés (place Saint-).

Située en face de l’église de ce nom. Elle commence à la rue Saint-Germain-des-Prés, nos 15 et 10 ; finit à la rue Childebert, nos 8 et 10. Le dernier impair est 9 ; le dernier pair, 8. Sa longueur est de 38 m. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

C’était autrefois la cour de l’Abbaye (voir l’article suivant). — Une décision ministérielle du 21 août 1817 et une ordonnance royale du 29 avril 1839 ont maintenu cette voie publique dans son état actuel ; sa plus grande largeur est de 36 m. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).


Germain-des-Prés (rue Saint-).

Commence à la rue Jacob, nos 27 et 29 ; finit à la place Saint-Germain-des-Prés. Le dernier impair est 15 ; le dernier pair, 10. Sa longueur est de 142 m. — 10e arrondissement, quartier de la Monnaie.

Tracée en 1804, sur l’emplacement du jardin de l’ancienne abbaye Saint-Germain-des-Prés, on la nomma pendant sa construction cour des Religieux. En 1810, c’était la rue Bonaparte. En 1815, on lui donna la dénomination de rue de la Poste-aux-Chevaux. Depuis 1816, c’est la rue Saint-Germain-des-Prés. (Voyez rue de l’Abbaye.) — Une décision ministérielle du 21 août 1817 et une ordonnance royale du 29 avril 1839 ont fixé la largeur de cette voie publique à 10 m. — Le côté des numéros impairs est entièrement aligné ; les maisons de côté opposé sont soumises à un redressement qui varie de 10 c. à 30 c. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compe Française).


Germain-l’Auxerrois (église Saint-).

Située dans la place de ce nom, en face de la colonnade du Louvre. — 4e arrondissement, quartier du Louvre.

Cette église paroissiale et royale est une des plus anciennes et des plus remarquables de Paris. Lorsque les églises se multiplièrent autour de la métropole, lorsque la ville se développa au nord et au midi, sur les rives de la Seine, l’église Notre-Dame cessa d’être une paroisse. Elle conserva cependant sa suprématie, et lorsqu’on parlait de l’église de Paris, c’est à la cathédrale qu’on faisait allusion. Mais Notre-Dame n’ayant pas de circonscription particulière, dès lors le premier rang dût appartenir de droit à l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, tant par l’ancienneté de son origine que par l’importance et l’étendue de sa circonscription paroissiale. Plusieurs opinions ont été avancées sur l’origine de cette église, mais en les analysant ici, nous dépasserions les limites que nous avons dû nous tracer. Cependant presque tous les historiens s’accordent sur un point : ils pensent que cet édifice fut construit par les ordres de Chilpéric Ier, à l’effet d’y déposer le corps de saint Germain, évêque de Paris. La preuve qu’ils fournissent est tirée d’un testament de Bertram, évêque du Mans, dicté le 24 mars de la 22e année du règne de Clotaire. Dans cet acte le testateur assigne une somme d’argent pour desservir à perpétuité le lieu de la sépulture de saint Germain, dans l’église de Saint-Vincent (depuis l’abbaye Saint-Germain-des-Prés), où son corps était alors déposé, ensuite dans la basilique nouvelle que le roi Chilpéric venait de faire construire, si plus tard le corps y était transporté. Cependant cette église porte le nom de Saint-Germain-l’Auxerrois. Mais si l’on examine attentivement les traditions qui tendent à établir qu’elle a été bâtie sous le vocable du saint d’Auxerre, on verra qu’elles se réduisent à de simples conjectures ; enfin tous les historiens, tous les diplômes qui ont mentionné cette église, n’y joignent aucun surnom. Elle est simplement appelée église Saint-Germain. Ce ne fut qu’à partir du IXe siècle qu’elle prit, en raison de sa forme nouvelle, la dénomination de Saint-Germain-le-Rond. Abbon est le premier historien qui la désigne ainsi dans son poëme sur le siège de Paris :

Germani Teretis contemnunt littora sancti,
Æqui vocique legunt. · · · · · · · · · · ·

Si l’on interroge l’histoire, il ne parait plus étonnant que la basilique commencée par Chilpéric n’ait pas été terminée par ce prince. Chilpéric ne survécut que huit ans à Saint-Germain. Frédégonde, dont la vie agitée fut remplie de passions et de crimes, ne fit point continuer cet édifice. D’un autre côté les religieux de Saint-Germain-des-Prés, voulant conserver les restes du pieux évêque de Paris, suscitèrent des obstacles à leur translation. La faiblesse honteuse des derniers rois Mérovingiens, les guerres du dehors, les désordres du dedans, l’ambition des maires du palais sans cesse occupés à maintenir un pouvoir usurpé, toutes ces circonstances firent cesser les craintes qui pouvaient rester aux religieux de Saint-Germain-des-Prés. L’avènement de Pépin à la couronne vint bientôt légitimer leur possession. Le 25 juillet 754, ce prince, au milieu de ses fils, des seigneurs de sa cour, et suivi d’un grand cortège, opéra la translation du corps de Saint-Germain, de la chapelle de Saint-Symphorien dans le chœur de la grande église de Saint-Vincent, à laquelle on donna depuis le nom de Saint-Germain-des-Prés. L’église bâtie au nord de la ville, pour être distinguée de la première