Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


ment contenait trente-deux veuves qui sont qualifiées de bonnes femmes de la chapelle d’Étienne Haudri.

Les religieuses hospitalières qui administraient cette maison, furent transférées en 1622 dans le couvent de l’Assomption de la rue Saint-Honoré. L’emplacement de cet hôpital fait partie aujourd’hui de l’Hôtel-de-Ville.

Rue des Haudriettes. — Elle commençait au quai de la Grève et finissait à la rue de la Mortellerie. Son nom lui avait été donné en raison de l’hôpital dont nous venons de parler. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, avait fixé à 6 m. la largeur de cette rue qui a été supprimée en 1837, et dont l’emplacement est confondu dans le jardin de l’Hôtel-de-Ville.

Rue des Vieilles-Garnisons. Cette voie publique commençait à la rue du Tourniquet-Saint-Jean, formait retour d’équerre et se terminait à la rue de la Tixéranderie. Dès le XIIIe siècle, on la désignait sous le nom du Marteret. Un compte de la prévôté de 1448, l’appelle rue des Garnisons. En 1522, on la nommait rue du Saint-Esprit, en raison de sa proximité de l’hôpital du Saint-Esprit. Cette rue dont la largeur fut fixée à 6 m., par décision ministérielle du 28 brumaire an VI, a été supprimée vers 1810. Son emplacement servit à former le jardin de la préfecture qui a été détruit en 1838, pour recevoir les nouvelles constructions de l’Hôtel-de-Ville.

Rue du Martroi. Elle prenait naissance à la rue de la Levrette (confondue aujourd’hui dans la rue de Lobau), et débouchait sous une arcade dans la place de l’Hôtel-de-Ville. Le censier de l’évêché de 1372 la nomme le Martelet-Saint-Jean, on l’appela plus tard rue du Martroi. Suivant Jaillot ce nom dérive de Martyrium, qui signifie lieu du supplice. En effet cette voie publique reçut cette dénomination lorsque la place de Grève fut affectée à l’exécution des criminels. — Une décision ministérielle du 13 thermidor an VI, avait fixé à 10 m. la largeur de la rue du Martroi qui a été supprimée en 1837.

Rue de la Mortellerie. Vingt-et-une maisons de cette voie publique ont été démolies en 1837, pour faciliter l’agrandissement de l’Hôtel-de-Ville.

Rue de la Tixéranderie. Trois maisons de cette rue ont dû également disparaître pour le même objet.


Hôtel de Ville (place de l’).

Située entre les quais Le Peletier et de la Grève, les rues du Mouton et de la Tixéranderie. Le dernier impair est 39 ; pas de numéro pair, ce côté est bordé par l’Hôtel-de-Ville. — Les numéros impairs sont du 7e arrondissement, quartier des Arcis. L’Hôtel-de-Ville est du 9e arrondissement.

Au commencement du XIIe siècle, un marché public existait sur cette place, qui portait, en raison de sa proximité du fleuve, la nom de place de Grève. Une charte de 1141, donnée par Louis-le-Jeune sur la demande des bourgeois de la Grève et du Monceau, supprima ce marché moyennant 70 livres une fois payées au trésor royal. — La place de Grève fut élargie vers 1770, en vertu des lettres-patentes du 22 avril 1769. — Une décision ministérielle du 20 septembre 1817 a fixé la largeur de cette voie publique à 67 m. Pour les propriétés de 1 à 7, le retranchement varie de 1 m. 30 c. à 4 m. 70 c., les autres constructions devront subir un reculement considérable ou être supprimées entièrement. — Égout. — Conduite d’eau. — Éclairage au gaz (compes Française et Lacarrière).

On ignore à quelle époque la place de Grève servit pour la première fois de lieu patibulaire. Une hérétique appelée Marguerite Porette y fut brûlée en 1310. À cette malheureuse commence la nomenclature des exécutions de la justice.

Chaque année, la veille de la fête de Saint-Jean, une cérémonie bizarre avait lieu sur cette place ; les magistrats de la ville faisaient entasser des fagots au milieu desquels était planté un arbre de 30 m. de hauteur, orné de bouquets, de couronnes et de guirlandes de roses. On attachait à l’arbre un panier qui contenait deux douzaines de chats et un renard. Aussitôt que les trompettes annonçaient l’arrivée du roi, le prévôt des marchands et les échevins, portant des torches de cire jaune, s’avançaient vers l’arbre et présentaient au monarque une torche de cire blanche, garnie de deux poignées de velours rouge, et sa majesté venait allumer le feu. Les chats brûlés vifs au milieu des acclamations de la multitude, le roi montait à l’Hôtel-de-Ville où il trouvait une collation composée de dragées musquées, de confitures sèches, de massepins, etc… — Dans un compte de la ville, à la date de 1573, nous lisons à l’article concernant cette cérémonie. « À Lucas Pommereux, l’un des commissaires des quais de la ville, cents sols parisis, pour avoir fourni durant trois années tous les chats qu’il falloit au dit feu, comme de coutume même pour avoir fourni il y a un an où le roi assista, un renard pour donner plaisir à sa majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où étoient les dits chats. »

Nous avons rappelé à l’article de l’Hôtel-de-Ville les principaux événements dont cet édifice fut le théâtre. Plusieurs de ces drames lugubres ont commencé dans les salons de l’hôtel ; mais la foule qui se trouvait sur la place, intervenait quelquefois au dénouement.

« Là, dit Mercier (l’auteur du Tableau de Paris), sont venus tous ceux qui se flattaient de l’impunité : un Cartouche, un Ravaillac, un Nivet, un Damiens ; et plus scélérat qu’eux tous un Desrues. Il y montra la froide intrépidité et le courage tranquille de l’hypocrisie ; je l’ai vu et entendu au Châtelet, car il se trouvait alors dans la même prison avec l’auteur de la philosophie de la nature, quand j’allais visiter l’écrivain, etc…