Page:Lazare - Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844.djvu/630

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curé et les marguilliers décidèrent qu’il fallait les reconstruire. Leur exécution fut confiée à un architecte médiocre, nommé Maclaurin, qui les éleva sur une double ordonnance ; la première était octogone et reposait sur un plan quadrangulaire, la seconde était de forme circulaire. Celle qui est située à l’angle méridional est de cet architecte.

En 1777, Chalgrin fut chargé de la reconstruction de ces deux tours, mais celle du nord a seule été rebâtie. Elle est composée de deux ordonnances : l’une sur un plan quadrangulaire et l’autre plus élevée sur un plan circulaire, quoique reposant sur un socle carré. Cette disposition est plus en harmonie avec l’architecture de la façade.

Entre les deux tours, Servandoni avait placé un fronton ; mais la foudre l’ayant dégradé en 1770, on le remplaça par une balustrade. Suivant l’opinion de plusieurs critiques, ces deux tours nuisent par leur aspect et leur isolement à l’effet général de l’édifice, et ressemblent assez aux jambages d’un meuble renversé.

À l’aplomb des tours sont deux chapelles : l’une est un baptistaire, et l’autre le sanctuaire du viatique. Elles sont ornées de statues allégoriques, sculptées par Boisot et Mouchi.

L’intérieur de Saint-Sulpice est d’un grand et noble effet. La longueur de l’édifice, depuis la première marche de la façade principale jusqu’à l’extrémité de la chapelle de la Vierge, est de 140 mètres. Sa hauteur, depuis le pavé jusqu’à la voûte, a 33 mètres. Les portes latérales offrent des niches extérieures où sont placées des statues de saints qui ont 3 mètres environ de proportion ; elles sont dues au ciseau de François Dumont.

Le chœur, entièrement construit sur les dessins de Gittard, est entouré de sept arcades dont les pieds droits sont ornés de pilastres corinthien ; cette ordonnance est aussi celle de la nef. En 1732 on posa solennellement la première pierre de l’autel principal.

La chapelle de la Vierge est remarquable entre toutes les autres par l’exécution de la statue et des groupes qui l’accompagnent, par son magnifique dôme et la manière ingénieuse dont il est éclairé.

Adroite, dans la chapelle de Saint-Maurice, sont des peintures à fresque exécutées par MM. Vinchon et de George.

On remarque également les bénitiers de cette église qui sont formés de deux coquilles dont la république de Venise fit présent à François Ier. On cite encore la chaire placée en 1789, comme une merveille de hardiesse et d’élégance, la tribune du buffet d’orgues qui est soutenue par des colonnes d’ordre composite. Ces orgues ont été fabriquées par Cliquot, célèbre facteur.

La ligne méridienne, établie au milieu de la croisée, est tracée sur le pavé avec les signes du zodiaque. À son extrémité septentrionale, elle se prolonge et s’élève sur un obélisque de 8 mètres de hauteur. Cette ligne méridienne fut établie en 1723, par Henri de Sully, pour fixer d’une manière certaine l’équinoxe du printemps et le dimanche de Pâques.

Cette église renfermait plusieurs monuments sépulcraux, parmi lesquels nous citons ceux de Barthélemy d’Herbelot, savant orientaliste, et de Jean Jouvenet, peintre.

En 1793, l’église Saint-Sulpice reçut le nom de Temple de la Victoire. Sous le Directoire Exécutif, les théophilanthropes y tinrent leurs séances, sous la présidence de La Réveillère-Lepaux, leur grand pontife. Le 15 brumaire an VIII (9 novembre 1799), on donna dans cet édifice un banquet au général Bonaparte ; enfin, en 1802, l’église Saint-Sulpice fut érigée en paroisse du 11e arrondissement. Elle a pour succursales Saint-Germain-des-Prés et Saint-Séverin.

Sulpice (place Saint-).

Située entre les rues Férou, du Pot-de-Fer, du Vieux-Colombier et du Petit-Bourbon. Le dernier impair est 3 ; le dernier pair, 12. — 11e arrondissement, quartier du Luxembourg.

Cette place a été formée sur une partie du terrain occupé par l’ancien séminaire Saint-Sulpice, dont nous allons rappeler l’origine. Jean-Jacques Ollier, abbé de Pébrac, avait établi, en 1611, un séminaire à Vaugirard. Nommé curé de Saint-Sulpice l’année suivante, il emmena avec lui ses associés, les logea dans son presbytère, et plaça dans une maison de la rue Guisarde quelques autres ecclésiastiques qui désiraient entrer dans cet établissement. Leurs exercices eurent lieu en commun ; mais le nombre des prosélytes devint si considérable, que le fondateur résolut d’en faire deux communautés distinctes. Au mois de mai 1645, il acheta une maison et un jardin situés dans la rue du Vieux-Colombier. Ce fut sur leur terrain que, du consentement de l’abbé de Saint-Germain-des-Prés, on construisit les bâtiments nécessaires à ces deux communautés. Le premier de ces établissements fut autorisé cette même année par lettres-patentes, enregistrées au grand conseil le 6 septembre 1646, à la chambre des comptes le 30 décembre suivant, et au parlement le 2 décembre 1650. La chapelle fut bénite le 18 novembre de cette dernière année : elle était remarquable par les belles peintures dont Lebrun l’avait décorée. — Le petit séminaire était situé dans la rue Férou. Il porta dans le principe le nom de Saint-Joseph, et fut fondé en 1686, dans une maison de cette rue, que la construction du portail Saint-Sulpice força de démolir. On transféra le 10 juin de l’année suivante, cet établissement dans une autre propriété, achetée par le séminaire, dans le haut de la rue Férou. On avait réuni, en 1694, à ce petit séminaire, une autre communauté, connue sous le nom de Sainte-Aure. Les sulpiciens furent supprimés en 1792, et les bâtiments de leur communauté devinrent propriétés nationales.