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odieuse et méprisable l’autorité excessive des grands de la terre ; en excitant partout les peuples à secouer le joug insuportable des tyrans, et en persuadant généralement à tous les hommes ces deux importantes vérités : que pour se perfectioner dans les arts, qui sont utiles à la société et à quoi les hommes doivent principalement s’emploïer dans la vie, ils ne doivent suivre que les seules lumières de la raison humaine ; et que pour établir de bonnes loix, ils ne doivent suivre que les seules règles de la prudence et de la sagesse humaine, c’est-à-dire les règles de la probité, de la justice et de l’équité naturelle, sans s’amuser vainement à ce que disent des imposteurs, ni à ce que font des idolâtres déicoles ; ce qui procureroit généralement à tous les hommes mille et mille fois plus de biens, plus de contentement et plus de repos du corps et de l’esprit, que ne sauroient faire toutes les fausses maximes, ni toutes les vaines pratiques de leurs superstitieuses religions.

Mais puisque personne ne s’avise de donner cet éclaircissement-là aux peuples, ou plutôt puisque personne n’ose entreprendre de le faire, ou même, puisque les livres et les écrits de ceux, qui auroient déjà voulu l’entreprendre, ne paroissent pas publiquement dans le monde, que personne ne les voit, qu’on les suprime à dessein, et qu’on les cache après aux peuples afin qu’ils ne les voïent pas, et qu’ils ne découvrent pas, par leur moïen, les abus, les erreurs et les impostures, dont on les entretient, et qu’on ne leur montre au contraire que les livres d’une multitude de pieux ignorans ou hipocrites séducteurs qui, sous om-