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bien-être universel garanties, pour arriver à la coopération sociale, et par là à la fraternité parmi les hommes et à l’avancement du bonheur social et individuel.

Voilà ce que j’ai voulu exprimer par l’article 1er  des statuts ; mes cofondateurs de l’association ont-ils compris dès lors toute la portée de mes vues et des conséquences qui seraient les résultats de ces principes fondamentaux ?… j’en doute… mais n’anticipons pas.

Une fois constituée, notre association s’accrut rapidement ; une grande partie des lecteurs de la Revue de Dageraad s’y fit enrôler ; les assemblées furent beaucoup fréquentées et de temps en temps un théologien, pénétrant jusqu’à nous, nous sermona tant bien que mal, ou essaya à ses propres dépens, de prendre la défense de la bible et du dogme chrétien. Tout marchait admirablement bien.

Mais de temps en temps il se montra parmi nos membres de ces personnes qui ne comprennent la liberté que pour eux et le rationalisme que pour leur système. Ces gens-là essayèrent en vain de nous faire adopter leurs opinions, — comme étendard d’une société neutre. Après plusieurs escarmouches de cette sorte, le parti déiste p. ex. fit une motion formelle (5 Juillet 1857) pour obtenir le remplacement de l’article 1er  par la formule qui suit. "Les membres de l’association de Dageraad reconnaissent l’existence d’un seul Dieu, qu’ils adorent." Cette motion fut rejetée par 25 voix contre 6, après une lutte sérieuse et acharnée, mais respectueuse pour les convictions les plus disparates ; ce qui n’empêcha pas que l’association eût ce même jour à déplorer la perte de 4 de ses membres. Quelque petit que fût ce nombre, cette perte fut d’autant plus douloureuse pour l’association, que par là le parti déiste, malheureusement déjà le plus faible de beaucoup avant cette catastrophe, perdit ses meilleurs orateurs et qu’il devint à craindre que l’influence que Mr. B., le plus âgé de nos membres, exerçait par des lectures continuelles sur son Panthéisme-Socialisme, ne fît perdre à nos travaux ce caractère d’impartialité qui les distinguait si avan-