Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/255

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bon, infiniment sage, et qui auroit voulu se faire homme mortel pour l’amour des hommes et qui auroit même voulu répandre jusqu’à la dernière goute de son sang pour les sauver tous, auroit voulu se borner et borner sa puissance, sa bonté et sa sagesse à guérir seulement quelques maladies et quelques infirmités du corps, dans quelques malades et dans quelques infirmes qu’on lui avoit présentés ; et il n’auroit pas voulu emploïer sa Toute-puissance, sa divine Bonté et sa souveraine Sagesse à guérir efficacement toutes les maladies et toutes les infirmités de leurs ames, c’est à dire, à guérir tous les hommes de leurs vices et de leurs déréglemens, qui sont pires que les maladies du corps ! Cela n’est pas croïable. Quoi ! Un Dieu tout-puissant, si bon et si sage, auroit voulu miraculeusement préserver des corps morts de toute pourriture et de toute corruption du vice, et il n’auroit pas voulu de même emploïer sa Toute-puissance et sa Sagesse pour préserver de la contagion et de la corruption du vice et du péché les ames d’une infinité de personnes, qu’il seroit venu racheter au prix de son sang, et qu’il venoit santifier pas sa grace ! Cela n’est nullement croïable. Quoi ! Un Dieu Tout-puissant, si bon et si sage auroit bien voulu rendre miraculeusement la vûë à quelques aveugles, l’ouie à quelques sourds, la parole à quelques muèts, faire marcher droit quelques boiteux et guérir quelques paralitiques et il n’auroit pas voulu de même éclairer les pécheurs des lumières de sa grace, comme parlent nos Christicoles, il n’auroit pas voulu de même fortifier les foibles pécheurs du secours tout-puissant de sa grace ; il n’auroit