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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/287

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lent ouvrier de déchirer et de brûler en sa présence les plus beaux ouvrages qu’il auroit fait, sous prétexte de lui en vouloir faire un sacrifice ? Qui est-ce qui penseroit faire honneur et plaisir à un Souverain, à un Prince de déchirer et de brûler en sa présence ce qu’il y auroit de plus beau, de plus riche dans son Palais, sous prétexte de lui en faire un sacrifice ? Il n’y a certainement personne, qui soit assez fou pour vouloir jamais faire telle chose, ni même en avoir la pensée. D’où vient donc que les hommes sont si fous, que de croire faire honneur et plaisir à leur Dieu de déchirer, de tuer, et de brûler ses propres créatures, sous prétexte de lui en faire des sacrifices ? Et maintenant encore, d’où vient et comment est-ce que nos Christicoles sont si fous et si aveuglés, que de croire faire un extrême honneur et plaisir à leur Dieu, le père, que de lui présenter et de lui offrir, même tous les jours, son divin Fils, en mémoire de ce qu’il auroit été honteusement et misérablement pendu à une croix, où il auroit expiré ? Comment est-ce, dis-je, qu’ils peuvent avoir telle pensée et telle croïance que de croire faire plaisir et honneur à un Dieu de lui offrir ainsi son propre Fils en sacrifice ? Certainement cela ne peut venir que d’un extrême aveuglement d’esprit.

Voïez ce que dit Montagne[1]. » L’ancienneté, dit-il, pensa, ce crois-je, faire quelque chose pour la grandeur divine, de l’aparier à l’homme, la vêtir de ses facultés et étrenner de ses belles humeurs et plus

  1. Essai de Montagne, p. 488.