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d’être offert en sacrifice par votre propre père au souverain Maître de l’Univers, qui, au lieu de terminer votre vie par une maladie dans un lit, ou par une blessure dans la guerre, ou par quelqu’autre de tant d’accidens, auxquels les hommes sont sujets, vous juge digne de rendre votre ame entre ses mains au milieu des prières et des sacrifices, pour être à jamais à lui ? Ce sera alors que vous consolerez ma vieillesse en me procurant l’assistance de Dieu, au lieu de celle que je devois recevoir de vous, après vous avoir élevé avec tant de soins. Isaac, qui étoit un si digne fils d’un si admirable Père, écouta ce discours non seulement sans s’étonner, mais même avec joie et lui répondit qu’il auroit été indigne de naitre s’il réfusoit d’obéir à sa volonté, principalement lorsqu’elle se trouvoit conforme à celle de Dieu. En achevant ces paroles, il s’élança sur l’Autel pour être immolé, et ce grand sacrifice, dit Joseph, Historien Juif, alloit s’accomplir, si Dieu ne l’eut empêché.

Voilà certainement une assez belle et assez favorable interprétation ; voilà un assez beau et assez favorable prétexte pour éxécuter religieusement et pieusement un commandement et une action de cette nature ; mais voilà aussi comme les ignorans et les simples d’esprit se laissent facilement tromper et prennent le mal pour le bien, lorsqu’il est revêtu de quelques aparences trompeuses de vertu et de piété. C’est ainsi que nos pieux Christicoles couvrent des plus belles aparences de piété toutes les vaines et superstitieuses pratiques et cérémonies de leur Religion, c’est par de semblables discours de piété vaine et trom-