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nourrit, dit-il, les oiseaux du ciel, quoiqu’ils ne sèment point et qu’ils ne fassent point de gréniers, et qui revête les fleurs et les lys des champs, quoiqu’ils ne travaillent point et qu’ils ne filent point, assurant ses disciples, que si son Père céleste a tant de soin des oiseaux du ciel et des fleurs des champs, qu’il aura, à plus forte raison, beaucoup plus de soin des hommes, et qu’il ne les laissera pas manquer de rien, pourvû qu’ils cherchent premièrement le Roïaume de Dieu et sa justice[1]. Il feroit certainement beau, de voir les hommes se fier à une telle promesse, que celle-là. Que deviendroient-ils, s’ils étoient seulement un an ou deux sans travailler, sans labourer, sans sémer, sans moissonner et sans faire de gréniers, voulant en cela imiter les oiseaux du ciel, ils auroient ensuite faire les Dévots et chercher pieusement ce prétendu Roïaume du ciel et sa justice ; ce père céleste pourvoïeroit-il pour cela plus particulièrement à leurs besoins ? Viendroit-il leur aporter miraculeusement à boire et à manger, lorsqu’ils auroient faim, et viendroit-il leur aporter miraculeusement des linges et des habits, lorsqu’ils en auroient besoin ? Ils auroient beau reclamer leur Père céleste, quand ils crieroient pour lors aussi forts et aussi longtems, que faisoient les prophètes de Baal, quand ils invoquoient l’assistance de leur Dieu, pour faire paroitre sa puissance dans les besoins, où ils étoient ; il ne seroit certainement pas moins sourd à leurs clameurs, que le fut ce Dieu aux clameurs de ses Prophètes. C’est pour-

  1. Matth. 6. 25 — 34.