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Sylvain Maréchal[1]. L’Extrait du Testament de J. Meslier fut, par arrêt du parlement de Paris, condamné à être brûlé et, par decret du 8 Février 1775, la cour de Rome le mit à l’index. La destruction du Bon Sens du Curé Meslier, pour cause d’Outrage à la morale publique et religieuse, fut ordonnée : 1o. par jugement du tribunal correctionnel de la Seine, du 20 Août 1824 ; 2o. par arrêt de la cour d’assises du Nord, du 22 février 1835 ; 3o. par arrêt de la cour royale de Douai, du 1er Septembre 1837 ; et 4o. par arrêt de la cour d’assises de la Vienne, du 12 Décembre 1838.




Malgré les cent copies manuscrites du Testament du Curé Meslier, qui existaient à Paris vers la fin du XVIIIe siècle, malgré les trois extraits que Voltaire, d’Holbach et S. Maréchal en avaient fait et dont plusieurs éditions avaient été successivement mises en vente, l’ouvrage original, manquant d’éditeur, commençait à devenir de plus en plus rare, lorsque le hasard me fit trouver chez un antiquaire de la Hollande un exemplaire du précieux document. Cette trouvaille fut pour moi une bonne fortune, et, bien que les publications rationalistes que j’avais faites jusqu’à ce jour m’eussent causé des pertes considérables et eussent exércé sur mon commerce une influence des plus funestes, je résolus immédiatement d’exécuter la volonté du vénérable défunt, et de publier, bien qu’un peu tard, le Testament qu’il avait laissé. Cependant, comme le passé m’avait appris d’une manière si onéreuse, qu’en fait de secours je n’avais rien à attendre de cette foule insouciante qui a l’impudence de s’arroger le titre honorifique de Libre-penseur, et qui ne sait que battre des mains au spectacle d’un apôtre de la vérité qui sacrifie infructueusement sa vie et ses biens pour procurer aux enfants de ces mêmes insouciants un avenir plus radieux, une existence plus normale, et que mes calculs me prouvaient que dans l’intéret de

  1. Voir le Dictionnaire des honnêtes gens. in-12o. Paris 1791, pag. 73 et 126.