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ne pas trouver à leur gré la publication d’un pareil écrit, et en témoigner leur dépit au malencontreux éditeur, d’une manière par trop significative. C’est pourquoi j’absous pleinement tous ceux qui ont eu une copie du manuscrit en leur possession, et qui n’ont pas osé le publier ; mais je ne m’absoudrais jamais moi-même, si, une fois que j’en tiens une copie manuscrite, vivant dans un pays libre, étant éditeur par dessus le marché, j’avais la lâcheté de ne pas la publier. Je la publie donc et je la publierai jusqu’au bout, dussé-je n’en vendre pas un seul exemplaire. — Je la terminerai comme j’ai terminé la "France Mystique", qui elle aussi courait risque d’être perdue à jamais.

Je sais d’avance que des milliers de croyants crieront au scandale, quand ils apprendront ce nouvel acte de témérité de ma part ; mais que me fait le mépris de tout un monde, si je marche dans la route, que m’a tracée mon amour de la justice et de la vérité ? Je reconnais à chacun le droit de dire son opinion, je sais respecter toutes les convictions, c’est pourquoi je prétends avoir le droit de dire tout ce que je pense, c’est pourquoi je demande voix au chapitre pour l’honnête curé d’Étrépigny. Loin de vouloir prôner mon auteur, comme arbitre souverain de la vérité, je ne demande pour lui que l’attention respectueuse que réclame et que mérite tout penseur sérieux. S’il a tort, qu’on le réfute, moi-même j’ai trouvé dans son ouvrage des endroits que je pense réfuter ; mais s’il a raison, — quelle que soit la clarté de la lumière, qui émane de ses écrits, qu’on ne craigne pas alors de la mettre en évidence, et de reconnaître, en face d’un monde hostile, que cette lumière — c’est la vérité.

Vous savez donc maintenant ce que c’est que le testament du curé meslier, mais il me reste encore à vous parler de mon édition.

Je vais reproduire consciencieusement le manuscrit en ma possession, sans altération aucune dans l’orthographe ou dans le style, sans autre correction même que celle des fautes qui ne peuvent être imputées qu’aux copistes.

L’ouvrage paraîtra en livraisons de 12 feuilles environ, formulant chacune un demi-volume. La première livraison paraîtra dans le courant de l’année 1861. Tant que le nombre des souscripteurs ne sera pas assez élevé pour couvrir les frais de publication, les livraisons paraîtront de six mois en six mois ; mais aussitôt que ce chiffre sera atteint, elles se suivront avec autant de célérité qu’une impression soignée peut le permettre."