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avoir, que de s’exposer volontairement à se perdre eux-mêmes, en voulant s’oposer au torrent des erreurs communes, ou en voulant résister à l’autorité d’un souverain qui veut se rendre maitre absolu de tout : joint d’ailleurs que dans de grands états et gouvernemens, comme sont les roïaumes et les empires, étant impossible que ceux, qui en sont les souverains, puissent seuls par eux-mêmes, pourvoir à tout, et maintenir leur puissance et leur autorité dans de si grandes étendues de païs, ils ont soin d’établir partout des officiers, des intendans, des gouverneurs, et quantité d’autres gens, qu’ils paîent largement aux dépens du public, pour veiller à leurs intérêts, pour maintenir leur autorité, de sorte qu’il n’y a personne qui osât se mettre en devoir de résister, ni même de contredire ouvertement une autorité si absolue, sans s’exposer en même tems à un danger manifeste de se perdre. C’est pourquoi les plus sages et les plus éclairés sont contraints de demeurer dans le silence, quoiqu’ils voïent manifestement les abus et les désordres d’un gouvernement si injuste et si odieux.

Ajoutez à cela les vûës et les inclinations particulières de tous ceux qui possèdent les grandes, les moïennes ou même les plus petites charges, soit dans l’État civil, soit dans l’état ecclésiastique, ou qui aspirent à les posséder. Il n’y a certainement guères de tous ceux-là qui ne pensent beaucoup plus à faire leur profit, et à chercher leur avantage particulier, qu’à se procurer sincèrement le bien public des autres. Il n’y en a guères qui ne s’y portent par quelques vûës d’ambition ou d’intérêt, ou par quelqu’autres vûës qui flat-