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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/87

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tent la chair et le sang. Ce ne seront point ceux qui ambitionnent les charges et les emploïs dans un état qui s’oposeront à l’orgueil, à l’ambition ou à la tirannie d’un prince qui veut tout soumettre à ses loix : au contraire ils le flattent bien plûtot dans ses mauvaises passions et dans ses injustes desseins, dans l’espérance de s’avancer et de s’agrandir eux-mêmes sous la faveur de son autorité. Ce ne seront point non plus ceux qui ambitionnent les bénéfices ou les dignités dans l’église, qui s’y oposeront : car c’est par la faveur et par la puissance même des princes qu’ils prétendent y parvenir, ou s’y maintenir, quand ils y seront parvenus : et bien loin de penser à s’oposer à leurs mauvais desseins, ou de leur contredire en aucune chose, ils seront les premiers à les aplaudir et à les flatter dans tout ce qu’ils font. Ce ne seront point eux non plus qui blâmeront les erreurs établies, ni qui découvriront aux autres les mensonges, les illusions, ni les impostures d’une fausse religion : puisque c’est sur ces erreurs et ces impostures-là, qu’est fondée toute leur dignité, et toute leur puissance avec tous les grands revenus qu’ils en tirent. Ce ne seront point de riches avares, qui s’oposeront à l’injustice du prince, ni qui blâmeront publiquement les erreurs et les abus d’une fausse religion ; puisque c’est souvent par la faveur même du prince, qu’ils possédent les emploïs lucratifs dans l’état ou de riches bénéfices dans l’église. Ils s’apliqueront bien plutôt à amasser des richesses et des trésors, qu’à détruire des erreurs et des abus publics, dont ils tirent les uns et les autres de si grands profits. Ce ne seront point encore ceux qui aiment la