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Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 09.djvu/529

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IL N’EST PAS DE PAYSAGE PLUS GRAVE ET PLUS DÉSOLÉ QUE LE CAP DE LA CHÈVRE, PAR UN GROS TEMPS.


LA BRETAGNE DU CENTRE[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


V. — Le Presqu’île de Crozon et la Pointe de Plougastel.


Sainte-Marie-du-Méné-Hom. — Le massif du Méné-Hom. — Encore le charme de la pluie. — Crozon. — Le beau jardin. — À la recherche de la mer. — La plage de Morgat. — Les grottes. — Les peintres. — Un peu de l’histoire de la presqu’île. — À Roscanvel. — La méfiance d’un paysan. — Le marchand de vin sauveur. — Camaret. — La vie des pêcheurs. — Les Tas de Pois. — Le château de Dinant. — Le cap de la Chèvre. — Landévennec. — Le Moine pétrifié. — La vie des bourgs bretons. — Essai de psychologie du voiturier.


SUR LE SEUIL D’UNE PORTE, À LANDÉVENNEC.


Me voici revenu à Châteaulin. En route maintenant pour le Méné-Hom et la presqu’île de Crozon. La voiture monte, et bientôt c’est l’air vif des plateaux, et tout un espace grandiose envahi par la pluie. Au moment d’une courte éclaircie, je distingue vaguement au loin la grande courbe de la baie de Douarnenez, le visage sombre de la mer, la dentelure des côtes, l’avancée des caps. Pendant un instant, m’apparaît toute proche une plage de sable blond, ourlée d’une vague d’argent. Puis, le brouillard se referme sur ces visions. La pluie augmente et c’est le visage et les mains ruisselants, fouettés par l’averse, que j’arrive à Sainte-Marie-du-Méné-Hom. J’attends là, dans la première maison qui se présente, non la fin de la pluie, mais sa diminution pour aller, à travers le hameau vite parcouru, revoir la jolie chapelle, le portail du cimetière et le calvaire ; car je suis déjà venu ici, par une journée torride de la fin de l’été. Je me souviens d’une cour de ferme où l’on battait le blé noir à coups de fléaux, avec des intermèdes de chants et de rires. Toute une réunion travailleuse et joyeuse était là, et c’est un tableau qui m’est resté dans l’esprit que celui de ces hommes et de ces femmes s’agitant, frappant en cadence dans l’atmosphère dorée de soleil et de la poussière blonde du

  1. Suite. Voyez pages 469, 481, 493 et 505. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.