LA BRETAGNE DU CENTRE[1]
V. — Le Presqu’île de Crozon et la Pointe de Plougastel.
e voici revenu à Châteaulin. En route maintenant pour le Méné-Hom et la presqu’île de Crozon. La voiture monte, et bientôt c’est
l’air vif des plateaux, et tout un espace grandiose envahi par la pluie.
Au moment d’une courte éclaircie, je distingue vaguement au loin la
grande courbe de la baie de Douarnenez, le visage sombre de la mer,
la dentelure des côtes, l’avancée des caps. Pendant un instant, m’apparaît
toute proche une plage de sable blond, ourlée d’une vague d’argent.
Puis, le brouillard se referme sur ces visions. La pluie augmente
et c’est le visage et les mains ruisselants, fouettés par l’averse, que
j’arrive à Sainte-Marie-du-Méné-Hom. J’attends là, dans la première
maison qui se présente, non la fin de la pluie, mais sa diminution pour
aller, à travers le hameau vite parcouru, revoir la jolie chapelle, le portail
du cimetière et le calvaire ; car je suis déjà venu ici, par une journée
torride de la fin de l’été. Je me souviens d’une cour de ferme où
l’on battait le blé noir à coups de fléaux, avec des intermèdes de chants
et de rires. Toute une réunion travailleuse et joyeuse était là, et c’est
un tableau qui m’est resté dans l’esprit que celui de ces hommes et de
ces femmes s’agitant, frappant en cadence dans l’atmosphère dorée de soleil et de la poussière blonde du
- ↑ Suite. Voyez pages 469, 481, 493 et 505. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.