Page:Le Tour du monde, nouvelle série - 09.djvu/541

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES SAINTS D’HUELGOAT : LA VIERGE ET SAINTE ANNE. — SAINT YVES. — LA CRÈCHE.


LA BRETAGNE DU CENTRE[1]

PAR M. GUSTAVE GEFFROY.


VI. — Les Montagnes d’Arrée.


Le pardon du Faou. — Les chanteurs de Rumengol. — Le calvaire de Plougastel. — Les costumes. — Les fraises. — La chapelle Saint-Jean et le pardon des oiseaux. — Nuit de lune entre Châteaulin et Brasparts. — Inquiétude du lieu inconnu. — La bonne auberge. — Paysage de montagnes. — Le cirque des monts d’Arrée. — La chapelle et les marais de Saint-Michel. — Les chasseurs. — La tourbe. — Vision de l’étendue. — L’oasis de Botmeur. — Cortège d’enfants. — Les chiffonniers. — La Feuillée. — Visages de vieilles femmes bretonnes. — On ne retrouve pas toujours ce que l’on a rencontré. — Huelgoat. — Villégiature et peinture. — L’armée de la « Pierre qui bouge ». — Le ménage de la Vierge. — Le gouffre. — Saint-Herbot. — L’église. — L’ordonnance du général Boulanger. — La cascade. — La ruine et la ferme du Rusquec. — La Vasque.


NOMBRE DE COIFFES DU FINISTÈRE ONT UN CARACTÈRE RELIGIEUX.


En face Landévennec, si l’on entre dans la rivière du Faou, c’est le bourg du Faou, au bord de l’eau, son église sur la grève, son port de belle activité d’où les fruits et les légumes partent pour Brest. La vie maraîchère s’y étale, pendant qu’à 2 kilomètres, au pied des montagnes d’Arrée, à Rumengol, la légende reparaît. L’église de 1536 est placée sous l’invocation de Notre-Dame de Tout Remède. Cette Notre-Dame est en argent massif, et c’est elle qui attire les pèlerins, c’est pour elle que brûlent les cierges par centaines et milliers. Avec elle, une fontaine où les malades et les infirmes viennent boire et se laver. La petite rue du hameau est bordée, d’un côté, par le cimetière, et de l’autre, par quelques maisons où l’on vend des objets de piété, médailles, chapelets, scapulaires, images. Hors de l’église, un autel pour la messe des pardons, qui ont lieu les jours de l’Annonciation, de la Trinité, de l’Assomption et de la Nativité de la Vierge. C’est le pardon des Chanteurs, décrit par Anatole Le Braz, et désigné ainsi en souvenir du vœu formulé au roi Grallon par la Vierge qui, pour consoler son âme des crimes commis par sa fille Ahès, promit de faire naître une race de chanteurs qui répandraient l’allégresse où la tueuse d’hommes avait semé le deuil et l’épouvante. C’est ainsi que les derniers bardes bretons sont venus chanter, sur la colline de Rumengol, la complainte de Plac’hik Eûssa, en présence de la foule venue par terre et par mer.

C’est au pardon de la Trinité que les fidèles sont le plus nombreux. On y voit tous les costumes du Finistère, les coiffes de caractère religieux, les loques des mendiants qui exhibent là leurs moignons, leurs membres

  1. Suite. Voyez pages 469, 481, 493, 505 et 517. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.