LA BRETAGNE DU CENTRE[1]
VI. — Les Montagnes d’Arrée.
n face Landévennec, si l’on entre dans la rivière du Faou, c’est le
bourg du Faou, au bord de l’eau, son église sur la grève, son
port de belle activité d’où les fruits et les légumes partent pour Brest.
La vie maraîchère s’y étale, pendant qu’à 2 kilomètres, au pied
des montagnes d’Arrée, à Rumengol, la légende reparaît. L’église
de 1536 est placée sous l’invocation de Notre-Dame de Tout Remède.
Cette Notre-Dame est en argent massif, et c’est elle qui attire les
pèlerins, c’est pour elle que brûlent les cierges par centaines et
milliers. Avec elle, une fontaine où les malades et les infirmes viennent
boire et se laver. La petite rue du hameau est bordée, d’un
côté, par le cimetière, et de l’autre, par quelques maisons où l’on
vend des objets de piété, médailles, chapelets, scapulaires, images.
Hors de l’église, un autel pour la messe des pardons, qui ont lieu
les jours de l’Annonciation, de la Trinité, de l’Assomption et de la
Nativité de la Vierge. C’est le pardon des Chanteurs, décrit par
Anatole Le Braz, et désigné ainsi en souvenir du vœu formulé au
roi Grallon par la Vierge qui, pour consoler son âme des crimes
commis par sa fille Ahès, promit de faire naître une race de chanteurs
qui répandraient l’allégresse où la tueuse d’hommes avait semé
le deuil et l’épouvante. C’est ainsi que les derniers bardes bretons
sont venus chanter, sur la colline de Rumengol, la complainte de
Plac’hik Eûssa, en présence de la foule venue par terre et par mer.
C’est au pardon de la Trinité que les fidèles sont le plus nombreux. On y voit tous les costumes du Finistère, les coiffes de caractère religieux, les loques des mendiants qui exhibent là leurs moignons, leurs membres
- ↑ Suite. Voyez pages 469, 481, 493, 505 et 517. Les photographies ont été exécutées par M. Paul Gruyer.