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Godhaven et Uppernavick, nous entrâmes dans la baie de Melville au commencement de juin, et nous doublâmes le cap York le 26 ; là, nous nous mîmes en communication avec les indigènes. Ils reconnurent immédiatement M. Petersen, notre interprète, dont ils avaient fait la connaissance lors du passage de l’Advance, expédiée par M. Grinnel, sous les ordres du docteur Kane.

« En réponse à nos questions sur Hans (l’Esquimau conducteur de chiens, dont parle la relation du docteur Kane et qui déserta l’Advance en 1854, par un caprice d’amour, ils nous dirent qu’il résidait au Whale-Sound. S’il eût été là, je l’aurais embarqué avec grand plaisir, attendu que, depuis fort longtemps, dit-on, son désir est de revenir dans le Groënland méridional.

« Le 12 juillet, je communiquai avec les indigènes du cap Warrander, près du cap Horsbugh ; ils n’avaient vu aucun vaisseau depuis la visite du Phœnix en 1854 ; aucun naufrage n’avait eu lieu sur leurs côtes.

« Nous ne pûmes arriver a l’entrée de Pond avant le 27 juillet, par suite de la quantité extraordinaire de glaces accumulées dans la partie nord de la baie de Baffin, et qui, depuis notre départ d’Holsteinbourg, gênait considérablement notre marche. Sans l’aide de la vapeur, nous n’aurions pu nous en dégager. Nous ne trouvâmes là qu’une vieille femme et un jeune garçon, qui nous servirent de pilotes jusqu’à leur village situé à 25 milles dans l’intérieur du passage. Là, sur la mousse humide d’une profonde ravine entourée de tous côtés par des escarpements de rochers ou de glaciers à pic, s’élevait un groupe de ces tentes de peaux de phoques, qui forment les habitations d’été des Esquimaux.

« Pendant une semaine, nous fûmes continuellement en rapports amicaux avec la population hospitalière de ce point reculé du globe qui porte le nom peu euphonique, pour une oreille européenne, de Kapawroklulik, et qui n’est accessible que par mer. Ce petit clan nomade n’avait aucune notion de l’expédition de Franklin, et gardait pourtant un souvenir distinct de trois vaisseaux naufragés à une époque bien antérieure : deux de ces bâtiments me paraissent devoir être la Dexterity et l’Aurora, qui se perdirent en août 1821, à environ 70 ou 80 milles de la passe de Pond. Le troisième vaisseau, maintenant complétement enseveli dans le sable, se trouve à quelques milles à l’est du cap Hay.

« Ces populations communiquent, par terre, chaque hiver, avec les tribus de la péninsule Melville. Elles savaient toutes que les vaisseaux de Parry y avaient passé l’hiver de 1822-23, et elles avaient entendu parler de la visite du docteur Rae à Repulse-Bay ; elles faisaient la description de son bateau, semblable à notre baleinière, et de son équipage, qui, vivant sous des tentes dans des