longue perche qui se termine par un fer légèrement recourbé, avec lequel ils raclent, au hasard, les fonds vaseux où rampent les anguilles ; ce mouvement remplace aussi le jeu de la rame et fait cheminer lentement le bateau.
Dans certains parages peu éloignés de la côte, on distingue toute une file de grosses barques, amarrées contre de fortes perches plantées en chevalet dans la mer ; un long bambou posé sur le chevalet fait bascule et supporte un filet taillé en carré, que l’on plonge et laisse longtemps dans l’eau ; mais comme il y a une quantité de ces engins autour des grosses barques, on en voit constamment monter ou redescendre.
Ailleurs, on submerge lentement le long filet semi-circulaire,
et quand il est tendu à la profondeur convenable,
les pêcheurs, munis de planches sonores qu’ils
Le pêcheur et l’aigrette. — Dessin de A. de Neuville, d’après une gravure japonaise.
frappent en cadence, à coups de baguettes, font une
bruyante battue pour effrayer le poisson et le chasser
dans la direction du piége.
Mais la pêche la plus pittoresque est celle qui se fait avec cette sorte de filet que nous appelons l’épervier. Deux hommes seulement montent l’embarcation : l’un est le pêcheur, l’autre l’amorceur ; celui-ci rame le plus doucement possible, s’arrête sur un geste de son camarade, saisit une grande coquille nacrée, la plonge dans le réservoir de la barque et la retire chargée de pâture pour les poissons, c’est-à-dire de menus coquillages cassés de telle façon que le petit animal qu’ils contiennent en sorte à moitié. Un instant après que cette pâture a été répandue dans la mer, le pêcheur, debout sur l’avant du bateau, ploie et plisse avec soin un filet, dont il tient l’ouverture dans la main droite ;