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Page:Le Tour du monde - 18.djvu/88

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Solennités domestiques.

S’il n’est pas difficile à l’étranger qui séjourne au Japon d’entrer en relation avec les gens du peuple et de pénétrer même dans l’intimité de la vie bourgeoise, je doute que jamais il trouve l’occasion de se faire admettre à des fêtes de famille chez quelque personne que ce soit de la société indigène.

Dans toutes les contrées de l’extrême Orient, le mariage d’une fille ne se célèbre et ne donne lieu à des réjouissances plus ou moins prolongées que dans la maison de l’époux. Mais tandis que le Chinois est fier d’inviter aux noces de son fils quelques hôtes étrangers pour faire parade à leurs yeux de la pompe qu’il sait déployer dans les grandes circonstances, le Japonais, de son côté, entoure de la plus discrète réserve les formalités et les cérémonies relatives à cet acte solennel. Il l’envisage comme une affaire trop sérieuse pour qu’il puisse se permettre d’y appeler personne d’autre que les proches parents et les confidents des deux principaux intéressés.

La plupart des mariages japonais sont le résultat d’arrangements de famille, préparés de longue date sous la seule inspiration de ce bon sens pratique qui est l’un des traits du caractère national.


Médecin posant des moxas. — Dessin de A. de Neuville d’après un croquis japonais.

La fiancée n’apporte pas de dot, mais on lui fait un trousseau dont mainte dame d’un rang supérieur pourrait s’accommoder. L’on exige d’ailleurs de sa part une réputation sans tache, un caractère doux et paisible, une instruction appropriée à son sexe et toutes les dispositions d’une bonne ménagère.

Les considérations d’intérêt pécuniaire ne viennent qu’en seconde ligne, et elles donnent lieu plutôt à des combinaisons d’affaires qu’à des marchés d’argent. Ainsi, quand un bon bourgeois qui n’a pas d’enfant mâle donne en mariage sa fille unique ou sa fille aînée, l’époux reçoit le titre de fils adoptif de son beau-père, prend le nom de celui-ci, et lui succède dans l’exercice de son industrie ou dans la gestion de son commerce.

Les noces japonaises sont précédées d’une cérémonie de fiançailles qui réunit les principaux membres des deux familles, et dans laquelle il n’est pas rare que les futurs époux apprennent pour la première fois les projets que leurs parents ont formés à leur égard.

À dater de ce moment, on leur fournit l’occasion de se voir et d’apprécier la sagesse du choix qu’on leur a épargné la peine de faire. Les visites, les invitations, les présents, les préparatifs d’installation dans le futur domicile conjugal, se succèdent avec tant de charme, que bientôt les deux jeunes époux ne peuvent assez se féliciter de l’avenir qui leur est promis.

La noce a lieu généralement quand le fiancé atteint