sa vingtième année et que sa compagne approche de la seizième. De grand matin l’on transporte au domicile de l’époux le trousseau de la jeune fille et on le dispose avec goût dans les pièces destinées à la célébration de la fête. C’est aussi là que les images des dieux et des saints patrons des deux familles sont suspendues, pour la circonstance, devant un autel domestique orné de fleurs et chargé d’offrandes. Les aquariums s’enrichissent de plantes variées, dont les groupes pittoresques présentent une signification symbolique. Des tables de laque supportent des cèdres nains et des figurines personnifiant le premier couple, accompagné de ses vénérables attributs, la grue et la tortue centenaires. Enfin, pour compléter le tableau par une leçon de morale et de patriotisme, on mêle au cadeaux de la fête quelques paquets de fucus comestible, de moules et de poisson séché, qui rappelleront au jeune ménage la nourriture primitive et la simplicité de mœurs des anciens habitants du Japon.
Vers le milieu du jour, un splendide cortége envahit
les salles ainsi préparées : la jeune épouse, vêtue et
voilée de blanc, s’avance escortée de deux amies de
noce et suivie d’une foule de proches, de voisins et
d’amis, en costumes de cérémonie éclatants de brocart,
d’écarlate, de gaze et de broderies. Les deux
amies de noce font les honneurs, distribuent les places,
Joueurs japonais. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.
ordonnent les apprêts de la collation, et voltigent
d’un groupe à l’autre comme l’exige le rôle qui leur
est assigné. On les surnomme le papillon mâle et le
papillon femelle. Il faut que dans la coupe et dans les
broderies de leurs robes, de crêpe et de gaze, elles
personnifient le couple charmant dont la nature, selon
l’opinion populaire, a fait l’emblème de la félicité conjugale.
Puissiez-vous de même, semblent-elles dire
aux deux fiancés, savourer les fleurs de la vie, planer
d’un vol aérien sur la terrestre carrière, et la parcourir
toujours joyeux, toujours unis, jusqu’à la fin, jusqu’à
ce que votre heureuse existence s’exhale en commun,
dans un dernier embrassement !
À l’exception de certaines sectes bouddhistes qui admettent parmi leurs rites une bénédiction nuptiale, nulle part au Japon l’on ne voit le prêtre intervenir dans la célébration du mariage.
On n’y connaît pas davantage les publications de bans, non plus que les autres formalités dont nos codes entourent l’accomplissement de l’acte civil. Dans toutes les villes japonaises, l’officier de police qui constate une fête nuptiale dans le quartier soumis à sa surveillance inscrit de son chef un couple de plus sur le rôle de recensement qu’il doit tenir à jour. La notoriété publique, il faut le dire, est aussi complète que possible. Titsingh a écrit tout un volume pour suivre