Page:Livre du Chevalier de La Tour Landry.djvu/174

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comment appellez-vous cest attour ? » Et elle lui respondi que l’on l’appelloit l’attour du gibet. — « Du gibet ! » dist la dame. « En nom Dieu, le nom n’est pas bel, ne l’atour plaisant. » Si ala la voix amont et aval que celle damoiselle avoit nommé son atour l’atour du gibet, et chacun s’en jengla, et la venoient veoir comme petis enfans. Si demanda à la bonne dame la manière de cellui atour ; sy le me devisa ; maiz en bonne foy je le retins petitement, maiz que, tant qu’il me semble, qu’elle me dist qu’il estoit hault levé sus longues espingles d’argent plus d’un doy sur la teste comme un gibet pour estre estrangement. Si n’estoit pas tenue celle damoiselle à trop sage, et estoit moult bourdée ; et ainsi chascune nyce amainne sa nouveaulté et sa desguiseure. Sy vous laisseray à parler de cestes desguisures et atours ; je vous ay dit comment l’evesque les chastioyt et soutenoit et prouvoyt par la sainte escripture que, quant les hommes et par especial les femmes se cointissoient et desguisoient, que c’estoit contre mal temps de mortalité ou de grans guerres, comme anciennement est advenu, et comme encore on le puet veoir chascun jour et le appercevoir, et que c’est un pechié d’orgueil, par quel les angels cheyrent du ciel, par qui le deluge vint quant le monde fut noyé, par lequel la luxure y est conceue par la racine de celluy orgueil.